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mardi 19 mars 2024

Quelle guerre après Bakhmout ?

A l’heure qu’il est, la ville de Bakhmout n’est toujours pas tombée aux mains du groupe Wagner, mais tout indique que cela ne saurait tarder maintenant. Des combats de rue acharnés et meurtriers s’y déroulent, dont on ne peut savoir que ce que les belligérants veulent bien nous en apprendre, c’est-à-dire fort peu. On sait cependant, et cela de façon certaine, la source n’étant rien d’autre que le président ukrainien en personne, que cela va mal pour les forces ukrainiennes, non seulement à cet endroit précis d’ailleurs, mais dans à peu près tout le Donbass, encore que ce soit plus particulièrement dans Donetsk, où se trouve Bakhmout, objet d’un affrontement extrême qui dure depuis des mois. La fin de cette bataille ne sera sans doute pas la fin de la guerre, mais il se peut bien qu’elle soit le commencement de la fin, non pas tant d’ailleurs pour son importance stratégique que pour les enseignements qu’elle apporte relativement à la suite des opérations. Depuis septembre dernier, et la contre-offensive ukrainienne lancée à ce moment, la tactique russe a surtout consisté à réduire les capacités militaires et logistiques de l’Ukraine. La conséquence en est que les forces ukrainiennes ne peuvent aujourd’hui que résister là où elles se tiennent, n’étant plus en mesure de sortir de leurs tranchées pour assaillir à leur tour l’ennemi, et moins encore à le forcer à battre en retraite.

Si leur détermination n’a pas faibli, on ne peut en dire autant de leurs forces qui elles par contre se consument de plus en plus en dépit des livraisons occidentales qui se poursuivent, et qui probablement vont croître en volume mais surtout en qualité en prévision de la prochaine offensive russe. Il n’est pas exclu que celle-ci commence à la fin de ce mois de février, en ce cas un an exactement après le déclenchement de la guerre. Au cours de cette première année, la Russie s’est emparée de quelque 20 % du territoire ukrainien, ce qui est loin d’être négligeable. Cela pourtant n’a pas empêché les Occidentaux d’affirmer haut et fort qu’elle perdait la guerre, qu’elle l’avait même déjà perdue. Ce qui ne se dit guère, mais qui ne manquerait pas de se dire de nouveau si au lieu d’achever de passer sous le contrôle des Russes, Bakhmout était une ville nettoyée de leur présence. A quel moment les Occidentaux estimeront-ils avoir perdu la guerre en Ukraine ? Ou plutôt comment saurait-on que tel est désormais leur sentiment ? Lorsqu’ils auront cessé d’y envoyer des armes. Ce ne pas ce qui se constate aujourd’hui. De leur point de vue, la Russie n’a pris que 20 % de l’Ukraine, c’est-à-dire qu’elle a échoué à s’emparer des 80 % restants. Ils en sont donc venus à penser que s’ils livrent à l’Ukraine des chars, des avions, et des missiles de longue portée, il y a moyen pour elle de repartir à l’offensive pour reconquérir les terres perdues. Même si cela n’est pas certain, il faut du moins essayer. Pour entreprendre en effet, nul besoin d’espérer. Mais si le nouvel armement, contrairement à ce qui en est escompté, n’enlève pas l’initiative aux forces russes pour la donner à l’armée ukrainienne, alors il sera temps pour eux de reconnaître que la guerre est bel et bien perdue, et qu’il faut soit la terminer dans les meilleures termes, soit la relancer mais après l’avoir transformée du tout au tout, de sorte qu’elle devienne une autre guerre. Pour l’heure, on peut juste se faire une idée de la façon dont le problème va bientôt se poser, non de la réponse effective qui lui sera finalement apportée.

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