Les médias américains ont fait état ce vendredi d’une information qui à première vue peut sembler banale, mais qui, pour peu qu’on y regarde, n’est pas si fréquente que cela. Ils nous apprennent que Joe Biden a l’intention de parler à son homologue chinois, Xi Jinping, et sur un sujet précis, celui du ballon chinois abattu par un avion de chasse américain, bien entendu sur ordre expresse du président américain, au large de la Caroline du sud le 4 février dernier, ce qui a souverainement déplu aux Chinois. On sait qu’ils ont considéré que la réaction américaine était plus qu’exagérée, irrationnelle, évitant toutefois de la qualifier d’acte gratuit d’hostilité à leur endroit, mais le laissant supposer, comme on atteste le fait qu’ils se réservent le droit de lui apporter la réponse qu’il convient au moment jugé opportun par eux. En temps ordinaire, ce que les médias américains nous apprendraient, ce n’est pas que le président américain projette d’appeler son homologue chinois, mais le jour et peut-être aussi l’heure où leur conversation aurait lieu, son principe ayant été déjà convenu. En l’occurrence, ils se font le relais d’une demande d’entretien téléphonique faite par Biden, comme si déjà celui-ci ne pouvait pas appeler directement le président chinois. Il est obligé de passer par ce subterfuge pour savoir si ce dernier serait ou non d’humeur à répondre à son appel s’il l’effectuait. En faisant relayer cette intention par les journaux américains, dont les plus fameux, ce qu’il veut, c’est que ce soit le président chinois qui l’appelle, ou qui plus exactement le rappelle. C’est qu’il ne pourrait faire le premier pas sans devoir ensuite présenter ses excuses pour l’attaque en règle, si l’on peut dire, contre un inoffensif ballon météorologique chinois. Dans le cas en effet où c’est lui qui prend l’initiative d’appeler, il sera obligé de faire d’une faon ou d’une autre son mea culpa, d’admettre qu’en effet le ballon abattu n’était pas dans le ciel américain à des fins d’espionnage, mais par erreur, comme l’affirment les Chinois. On l’imagine en tout cas difficilement appeler Xi Jinping et continuer de soutenir la thèse de son administration, à savoir que le ballon est un ballon espion. Voilà pour la forme, quant au fond, il semble aller de soi que l’appel projeté aurait pour finalité de détendre le climat des relations entre les deux pays, de sorte que les Chinois ne donnent pas suite à leur menace de répliquer au geste désobligeant militaire des Américains à leur égard. Le fait est que Chinois et Américains peuvent encore se parler, en dépit de leurs désaccords sur Taïwan. L’affaire du ballon abattu par les Américains est de nature à rendre difficile le dialogue entre eux, sinon à le couper tout à fait. Or la politique chinoise de l’administration Biden a consisté jusqu’à cet incident à faire en sorte que les deux pays continuent de se parler quels que soient leurs désaccords, aussi graves qu’ils puissent être. La compétition oui, le conflit non, ainsi a été résumée cette politique par la partie américaine. Et puis, de but en blanc, les Américains ont abattu un ballon civil chinois de passage sur leur territoire, sous prétexte qu’il y menait une mission d’espionnage. D’espionnage ou non, leur politique chinoise leur interdisait de recourir à l’étalage de force en toutes circonstances.