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vendredi 29 mars 2024

Qua fera la France après l’expulsion de son ambassadeur à Bamako ?

On se demandait hier si le Mali et la France n’allaient pas rompre leurs relations au vu de la tournure que celles-ci avaient prises ces derniers jours. En principe, on devrait pouvoir répondre maintenant par l’affirmative à cette question, après un développement aussi significatif que l’expulsion de l’ambassadeur français à Bamako, survenu ces dernières 24 heures. Pourtant il n’est pas évident que cette rupture soit d’ores et déjà consommée, car entre les deux pays, il n’y a pas que des relations politiques et économiques, il y en a aussi d’ordre militaire, qui elles sont d’un maniement plus difficile, leur force d’inertie étant plus grande. La présence militaire française n’a pas été imposée au Mali. Au contraire c’est sur sa demande, il y a maintenant près d’une décennie, et alors que les groupes djihadistes fonçaient sur Bamako, venant du nord qu’ils contrôlaient déjà, que des troupes françaises ont été dépêchés en urgence pour leur barrer la route. Depuis, leur présence est régie par un accord de défense passé entre les deux pays. Cet accord, il est vrai, les Maliens n’en veulent plus, du moins dans la forme qui est la sienne aujourd’hui.

Leur ministre des Affaires étrangères a dit récemment, parlant à un média français, que certaines de ses dispositions sont en contradiction avec la Constitution du pays, qu’au demeurant son gouvernement lui non plus n’a pas respectée. Il semble bien toutefois que ce ne soit pas là la véritable raison derrière cette demande de révision. La France ne reconnaît pas le pouvoir en place à Bamako, qu’elle traite de junte illégitime. Elle n’est pas la seule à être sur cette position, si son langage est plus virulent. Les pays voisins du Mali ont coupé toute relation avec le Mali dès lors que ses autorités actuelles ont fait savoir qu’elles n’organiseraient pas les élections prévues fin février, au terme desquelles elles étaient censées rendre le pouvoir aux civils qui les auraient remportées. Si les relations se sont à ce point dégradées entre les deux pays, ce n’est évidemment pas à cause de cela, mais parce que le pouvoir malien a fait appel aux mercenaires russes de Wagner, dont on pense qu’ils se comptent déjà par centaines. Ils auraient même déjà occupés les trois bases abandonnées, il ya quelques mois, par les Français dans le nord du Mali, conformément à leur désir de réduire leur présence dans le Sahel. Tout se passe donc comme si le pouvoir malien ne voulait pas seulement réviser l’accord de défense avec la France, mais y mettre fin, ou plutôt trouver le moyen de le dénoncer avec un semblant de bonne foi. L’expulsion de l’ambassade n’est pas pour faire baisser la tension, mais au contraire pour la faire monter en flèche, peut-être jusqu’au point de rupture. Il fut un temps, pas si lointain, où pour beaucoup moins que cela un gouvernement africain est renversé par la France, en général par le truchement d’une force locale déjà prête à l’action. Il ne se passait pas alors de coup d’Etat dans cette partie de l’Afrique sans que ce soit elle qui l’ait commandé ou à tout le moins autorisé. Des troupes françaises étant présentes sur place, la réaction de Paris n’aurait probablement pas attendu que son représentant soit atteint dans sa dignité. Or que fait-il en l’occurrence ? Il se hâte de le faire rentrer, par crainte que des Maliens, à l’expiration du délai fixé de 72 heures, ne viennent exécuter l’ordre d’expulsion. Mais peut-être que dans cette affaire il n’a pas encore dit son dernier mot, en dépit des apparences.

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