Si l’on associe la désagrégation des relations entre Washington et Pékin au mandat de Donald Trump, le début de de la perturbation entre les deux puissances date en réalité de l’ère Obama, et aujourd’hui Joe Biden continu sur la ligne d’hostilité face au régime communiste chinois. Le président américain a ainsi affirmé jeudi que les États-Unis étaient prêts à défendre militairement Taïwan, en cas d’attaque par la Chine qui considère l’île comme faisant partie de son territoire. « Oui, nous avons un engagement en ce sens », a déclaré Joe Biden lors d’un échange retransmis sur CNN avec des électeurs à Baltimore. La déclaration du président américain vient en contradiction avec la politique tenue de longue date par les États-Unis dite d’ « ambiguïté stratégique », Washington aidant Taïwan à construire et renforcer ses défenses sans promettre de manière explicite de venir à son aide si une attaque avait lieu. La Chine a alors appelé hier Joe Biden à la « prudence ». « Sur les questions liées à ses intérêts fondamentaux, comme sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Chine ne laissera aucune place au compromis », a par ailleurs indiqué devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Et de préciser : « Nous exhortons la partie américaine […] à agir avec prudence sur la question de Taïwan, et de s’abstenir d’envoyer des mauvais signaux aux militants indépendantistes taïwanais afin de ne pas nuire gravement aux relations sino-américaines. » Durant une interview cet été sur la chaîne ABC, le président américain avait fait une promesse similaire, parlant d’ « engagement sacré » à défendre les alliés de l’Otan au Canada et en Europe, et « de même avec le Japon, la Corée du Sud, et Taïwan ». Dans la foulée des déclarations de Joe Biden jeudi soir, la Maison-Blanche a affirmé à la presse que la politique des États-Unis envers Taïwan n’avait « pas changé ». Interrogé également sur le fait de savoir si les États-Unis seraient en mesure de répondre au développement des programmes militaires en Chine, Joe Biden a également répondu par l’affirmative. « La Chine, la Russie et le reste du monde savent que nous disposons de la plus puissante capacité militaire du monde. » Il a toutefois exprimé sa préoccupation sur la possibilité que des pays rivaux des États-Unis s’« engagent dans des activités où ils feraient une sérieuse erreur ». Il a cependant réitéré sa volonté de ne pas s’engager dans une nouvelle guerre froide avec Pékin. Lors d’une conférence de presse jeudi, l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun, interrogé sur le dossier taïwanais, a souligné que son pays n’était pas à l’offensive. La Chine est en position de défense. « Nous combattons pour maintenir notre souveraineté et notre intégrité territoriale », a-t-il dit. « Nous ne sommes pas le fauteur de troubles. Au contraire, certains pays, les États-Unis en particulier, prennent des mesures dangereuses menant directement à une situation dangereuse à Taïwan », a-t-il ajouté. « Nous devrions appeler les États-Unis à mettre fin à une telle pratique. Entraîner Taïwan dans un mur, ce n’est l’intérêt de personne », a martelé le diplomate chinois. La Chine et les États-Unis s’opposent frontalement sur beaucoup de dossiers dans un climat de guerre froide, mais la question taïwanaise est souvent considérée comme la seule susceptible de provoquer une confrontation armée. Le prochain ambassadeur à Pékin, le diplomate de carrière Nicholas Burns, avait estimé mercredi qu’il ne fallait « pas faire confiance » à la Chine sur Taïwan, et recommandé de vendre davantage d’armement à l’île pour renforcer ses défenses. Reste à voir si les américains iraient au bout de leur menace en cas d’une proclamation d’indépendance de Taiwan déclenchant alors une guerre dont il est difficile de mesurer l’impact sur la Chine comme sur les États-Unis, mais aussi sur le reste du monde. Le ralentissement industriel de l’Empire du milieux, souvent qualifié d’« usine du monde », avait créer lors de l’apparition du Covid-19 un bouleversement industriel mondial sans précédent qui pourrait être infiniment plus sérieux et couteux en cas de guerre entre les USA et la Chine.