Depuis quelques mois, la Corée du Nord teste régulièrement de nouvelles armes de grande portée, suscitant l’inquiétude des puissances occidentales qui n’ont aucun moyen de pression contre la République communiste. Car si la Corée du Nord subit depuis des décennies d’importantes sanctions et des embargos menant parfois sa population à la famine, Pyongyong ne recule jamais d’un pouce et pousserait même plutôt la provocation toujours plus loin pour défier l’Occident. Aujourd’hui, l’émissaire américain pour la Corée du Nord en visite à Séoul a affirmé que la Corée du Nord doit renouer avec la «voie diplomatique». Depuis le début de l’année, Pyongyang a procédé à plus d’une dizaine de tirs d’essai et a notamment lancé un missile balistique intercontinental (ICBM) à longue portée, pour la première fois depuis 2017. Ce week-end, la Corée du Nord a testé un système d’armement destiné à augmenter l’efficacité de ses armes nucléaires. Sung Kim, émissaire américain pour la Corée du Nord, arrivé hier pour une visite de cinq jours à Séoul, a rencontré son homologue sud-coréen, Noh Kyu-duk. À l’issue de leurs échanges, les deux hauts responsables ont condamné conjointement la «récente escalade des actes de Pyongyang», y compris ce qu’ils ont appelé «au moins trois» lancements d’ICBM. «Nous avons convenu de la nécessité d’une réponse forte au comportement déstabilisant que nous avons subi de la part de la RPDC», a déclaré Kim à la presse, en utilisant l’acronyme du nom officiel de la Corée du Nord. «Nous avons également discuté de la manière de répliquer à l’avenir aux actes de la RPDC, notamment à un éventuel essai nucléaire», a-t-il ajouté. L’envoyé spécial a répété que Washington a proposé de rencontrer des représentants de Pyongyang, à tout moment et sans conditions préalables, et que Washington «n’a pas fermé la porte à la diplomatie». «Je demande une fois de plus à Pyongyang de poursuivre une voie diplomatique avec nous», a déclaré Kim. «Je tiens à préciser que nous n’avons aucune intention hostile à l’égard de la RPDC». Jusqu’à présent, Pyongyang a rejeté les propositions de négociations, accusant Washington d’avoir des politiques hostiles. Cette visite intervient au moment où Séoul et Washington ont débuté des exercices militaires annuels qui doivent durer neuf jours. Ces manœuvres conjointes, qui suscitent toujours la colère de Pyongyang, ont été réduites ces dernières années, le président sortant Moon Jae-in privilégiant une politique de dialogue avec le Nord. «Cet exercice est un entraînement de poste de commandement défensif utilisant une simulation informatique, et il n’y a pas de véritable entraînement à la manœuvre militaire», a déclaré, dimanche, l’état-major interarmées sud-coréen. Les États-Unis ont quelque 28 500 soldats stationnés au Sud, afin de protéger le pays contre son voisin. Pyongyang avait suspendu ses essais nucléaires et de missiles à longue portée lorsque Kim Jong Un et le président américain de l’époque, Donald Trump, avaient entamé des pourparlers très médiatisés, qui avaient échoué en 2019. Les négociations sont depuis lors au point mort. Des pourparlers pour la paix avec le régime communiste ne semblent pas être l’une des priorités de l’administration Biden, qui est par ailleurs occupée à observer la guerre en Ukraine. La visite de Sung Kim, elle, ne semble être qu’une diversion pour calmer Pyongyong qui chaque année, à l’occasion des exercices militaires conjoints des Américains et des Sud-Coréens, menace ses voisins d’un holocauste nucléaire. Reste à voir si durant son mandat Joe Biden portera toutefois plus d’attention à ce dossier épineux sur lequel tous les présidents américains se sont cassés les dents, ou s’il privilégiera le statu quo.