«L’Association des oulémas (savants, ndlr) musulmans algériens a décidé de ‘’geler’’ toutes ses activités au sein de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) que préside le Marocain Ahmed Raissouni et réclame des excuses claires, nettes et précises ou la démission pure et simple de Raïssouni», a indiqué, hier, son président, Abderrezak Guessoum.
Par Thinhinane Khouchi
Réagissant aux propos provocateurs du président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), le Marocain Ahmed Raïssouni, qui avait appelé les Marocains au «djihad» et à une marche millionnaire sur le territoire algérien afin de récupérer Tindouf, Abderrezak Guessoum, président de l’Association des oulémas (savants, ndlr) musulmans algériens, a indiqué geler ses activités au sein de l’UIOM. Il a également indiqué sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio algérienne que cette décision a été prise «suite aux propos choquants et provocateurs de Ahmed Raïssouni, semant la fitna (discorde, ndlr) entre peuples musulmans et appelant le peuple marocain à marcher sur Tindouf et Laâyoune», ajoutant que «le Maroc doit redevenir comme il était avant l’invasion européenne, quand la Mauritanie faisait partie de son territoire». Dans sa déclaration solennelle, Guessoum a précisé : «Nous, membres algériens de l’Union internationale des oulémas musulmans, gelons toute activité au sein de cette institution. Nous ne reprendrons nos activités qu’une fois les excuses claires, nettes et précises sont prononcées par le concerné ou sa démission pure et simple de cette responsabilité». «Nous lançons également un appel à tous les savants musulmans pour appuyer notre thèse et revendiquer le départ de ce responsable marocain», a-t-il ajouté sur les ondes de la Radio nationale. En outre, il est à noter que la Commission de la fatwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs avait condamné mercredi dernier les propos provocateurs du président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), le Marocain Ahmed Raïssouni, qui a tenté d’allumer les feux de la fitna dans la région, soulignant qu’«il fait ainsi sienne l’idéologie des groupes terroristes extrémistes». «Les propos de Raïssouni portent une incitation claire et un appel explicite à attaquer la souveraineté des Etats. Mal lui en a pris d’attiser le discours de haine et d’appeler à allumer les feux de la fitna entre les peuples, les Etats et les gouvernements de la région», a précisé la Commission de la fatwa dans un communiqué, ajoutant que Raïssouni «a tenté vainement de revêtir ces élucubrations et ces divagations du sceau du djihad en les reliant à des thèses illusoires et infondées rejetées par la religion, la raison, l’histoire et la réalité, faisant ainsi sienne l’idéologie des groupes terroristes extrémistes». «Le véritable djihad est celui dont nos aïeux ont porté l’étendard dans cette terre bénie lorsque, répondant à l’appel de la religion et de la patrie, ils se sont levés contre l’occupation française, sacrifiant leur argent et leurs vies. Et c’est le même djihad mené aujourd’hui par les enfants du peuple palestinien contre l’entité sioniste occupante», a soutenu la Commission de la fatwa. «L’auteur de ces propos graves et insensés, qui s’est approprié la doctrine expansionniste du Makhzen, a voulu attenter à la souveraineté de deux états voisins, en l’occurrence l’Algérie et la Mauritanie, faisant fi des règles et des lois internationales et des principes de bon voisinage, ainsi que de la morale islamique dont tout un chacun doit se prévaloir, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un individu qui prétend être versé dans les sciences de la Charia islamique», a estimé la Commission. Par ailleurs, les propos polémiques de Raïssouni avaient suscité de vives réactions, à commencer par l’organisation qu’il préside, qui, à travers un communiqué, a affirmé que «les propos de Raïssouni expriment uniquement son opinion et n’engagent aucunement l’opinion de l’Union». Des partis politiques ont également exprimé leurs avis sur les déclarations de ces derniers.
T. K.