16.9 C
Alger
vendredi 19 avril 2024

Proportionnelle

Emmanuel Macron avait fait énormément de promesses aux Français durant la campagne présidentielle de 2017. L’une d’entre elles, et l’une des plus importantes, étant d’introduire une dose de proportionnelle dans l’Assemblée nationale. Mais comme nombre d’autres promesses celle-ci a rapidement été mise sous le tapis, même si du côté des alliés du président français l’on continue à soutenir cette proposition. Ainsi, l’idée de tenir les prochaines élections législatives au scrutin proportionnel est toujours appuyée par le MoDem, dont le président François Bayrou milite pour que la question soit présentée aux Français sous forme de référendum. Le dirigeant du Modem a estimé qu’«il faut demander aux Français ce qu’ils pensent de la proportionnelle par référendum». «Si la volonté existe, on a le temps de procéder par la voie parlementaire. Mais s’il y a des doutes, des interrogations, il est une chose facile à faire. C’est de demander aux Français ce qu’ils en pensent par référendum», fait-il valoir, défendant un «seuil à 5 %». Mardi encore, il a mis en avant la rupture entre les Français et un Parlement qui ne leur ressemble pas. «La composition du Parlement avec l’hégémonie d’un seul parti (…) est tellement déconnectée de la réalité du pays qu’un très grand nombre de citoyens s’en détournent», a-t-il souligné. Pourtant argument de campagne de Macron, l’introduction de la proportionnelle s’est encalminée d’une crise à l’autre, même si en avril 2019, le chef de l’État assurait pourtant encore vouloir porter la dose à 20 % en 2022. Pour accélérer les choses, Bayrou va envoyer au chef de l’État une lettre, qu’il a préalablement soumise aux responsables politiques de tous bords, car il reste peu de temps pour opérer cette réforme. En effet, la loi interdit de retoucher le mode de scrutin moins d’un an avant sa tenue, c’est-à-dire qu’une réforme doit être adoptée d’ici cinq mois pour des élections en 2022. Dans ce courrier, le centriste déplore «la brutalité» du scrutin majoritaire, dans lequel «ni le pluralisme, ni l’équité ne sont respectés» et appelle à «un changement de culture politique qui permette, entre les différents courants politiques, chaque fois que possible, dialogue et co-responsabilité». Du côté de l’exécutif, pour l’heure, le retour de ce débat dérange : «Étant donné la priorité donnée à la gestion de la crise et à la relance, et le calendrier parlementaire bien rempli, cette réforme n’est pas une priorité à ce stade», s’emporte l’entourage du président. «Le RN représente des millions de Français : va-t-on accepter longtemps qu’ils soient privés d’expression politique par un mode de scrutin inique ?», tempêtait encore cette semaine Marine Le Pen, réagissant à des propos rapportés du patron des députés LREM, Christophe Castaner, qui s’inquiétait de voir entrer à l’Assemblée une centaine d’élus RN. Comme en 1986, lorsque le FN avait raflé 35 sièges. Un point de vue qui rejoint celui de François Bayrou. Rappelant qu’il a «affronté le Front national toute sa vie sur tous les grands sujets», le président du Modem déplore cependant un «déséquilibre du raisonnement». «Il n’y a pas de députés, s’il n’y a pas d’électeurs ! Et ce sont les électeurs que nous avons le devoir constitutionnel de représenter justement. Qu’ils soient d’extrême droite, d’extrême gauche, du centre ou des écologistes», plaide-t-il encore. Mais les efforts de Bayrou risquent de mener nulle part, Emmanuel Macron n’étant pas prêt à céder le pouvoir qu’il a sur le Parlement, alors même qu’il gère la crise sanitaire et économique de façon très drastique, voire pour certains «despotiques», sans consultation des députés, qui restent assez dociles pour le moment face à cette situation. Macron pense-t-il peut-être déjà à un possible second mandat et comment une telle réforme pourrait lui faire perdre beaucoup de son pouvoir actuel.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img