Comme pour le dossier nucléaire iranien, le dossier nord-coréen dans lequel les Américains sont très impliqués continue à suivre son cours, malgré la guerre en Ukraine. Et la Chine, allié historique de la Corée du Nord, a toujours été un obstacle pour Washington dans la gestion de cette question épineuse. Les États-Unis et leurs partenaires européens au Conseil de sécurité de l’ONU ont une fois encore échoué lundi à faire adopter à la Chine et la Russie un texte «basique» contre Pyongyang qui vient de procéder à un nouvel essai de missile balistique présumé, selon des diplomates. «Nous aurions adoré avoir la Chine et la Russie avec nous pour ce texte», a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, à l’issue d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Corée du Nord. Flanquée de dix ambassadeurs, dont plusieurs ne représentent pas un pays membre du Conseil de sécurité, comme l’Australie ou le Japon, la diplomate américaine a lu un texte conjoint affirmant l’unité de ce groupe «condamnant (…) le tir le 5 mars par la Corée du Nord d’un missile balistique». «Comme les 10 autres lancements de missiles balistiques depuis le début de l’année, cet acte de la Corée du Nord a violé de multiples résolutions du Conseil de sécurité», a ajouté Linda Thomas-Greenfield. «Alors que la Corée du Nord intensifie ses actions déstabilisatrices, le Conseil de sécurité continue de garder le silence. Chaque lancement de missile balistique qui aboutit à l’inaction du Conseil sape la crédibilité du Conseil de sécurité de l’ONU lui-même face à la Corée du Nord et sape le régime mondial de non-prolifération», a-t-elle dénoncé, sans mentionner la Chine et la Russie. Selon des diplomates, ces deux pays ont été les seuls à s’opposer lors de la réunion à un texte «basique» et très court, destiné à montrer l’unité du Conseil face aux expérimentations de Pyongyang. Ce texte disait que le «Conseil s’était réuni», qu’il y avait eu «violations» de ses résolutions, et «appelait au dialogue», a précisé un diplomate sous couvert d’anonymat. Depuis la dernière expression d’unité du Conseil de sécurité face à la Corée du Nord, exprimée en 2017 avec l’adoption à l’unanimité de plusieurs trains de sanctions pour la forcer à arrêter ses programmes nucléaire et balistique, c’est «la 17e fois que la Chine s’oppose à l’adoption d’un texte proposé par les États-Unis et les Européens», a ajouté la même source. Dimanche, la Corée du Nord avait annoncé avoir procédé la veille à «un nouvel essai important» en vue du développement d’un satellite de reconnaissance, mais les analystes estiment qu’il s’agit plutôt d’un lancement de missile, à quelques jours de la présidentielle en Corée du Sud. La guerre ukrainienne et l’hostilité de l’Occident vis-à-vis de la Russie pèse ainsi sur un large éventail de sujets englobant la Corée du Nord, aussi bien que l’Iran et Moscou comme Pékin risquent de se montrer moins coopératifs que jamais avec les Américains et les pays européens. Les semaines à venir seront certainement décisives avec de possibles bouleversements dans de nombreux dossiers internationaux.