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vendredi 19 avril 2024

Procureurs

La crise sanitaire liée au Covid-19 est, par bien des aspects, totalement inédite et a pris le monde par surprise, obligeant les gouvernants du monde entier à prendre des mesures très différentes selon les pays. En France, le choix a été fait de tenter au maximum de soulager la pression sur les services de soins, engorgés en mars 2020 et incapables de gérer le nombre de malades. Les mesures décidées par Emmanuel Macron, qui s’est dès le début de la crise posé comme un général en temps de guerre, ont été démesurément restrictives, soulevant beaucoup de critiques chez tous ceux qui font les frais depuis bientôt une année des restrictions les plus sévères. Tant et si bien que Macron a affirmé jeudi que «nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs». Cette sortie en marge d’un déplacement à Saclay (Essonne), n’a pas manqué de faire réagir. De part et d’autre de l’échiquier politique, de nombreux élus ont exprimé leur colère vis-à-vis du président de la République. «Macron rêve de 66 millions de béni-oui-oui. (…) Il se croit décidément à la tête d’une entreprise et non d’une démocratie !», a fustigé Clémentine Autain, députée La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, sur Twitter. «Après ‘’ceux qui ne sont rien’’ et les ‘’gaulois réfractaires’’, voici les ‘’66 millions de procureurs’’ ! Macron, pour qui il manquait ‘’un roi à la France’’, a vraiment un grave problème avec la démocratie. En 2022, dehors le monarque», a abondé son collègue du Nord, Adrien Quatennens. Une allusion à la monarchie reprise par le député ex-LREM du Val d’Oise, Aurélien Taché, qui a martelé sur le réseau social : «De(s) procureurs non. De(s) citoyens, qui comme dans tout régime démocratique, demandent des comptes à leurs gouvernants et à qui la figure du roi ne manque pas». À droite, Les Républicains sont, eux aussi, montés au créneau. Le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, a estimé qu’Emmanuel Macron avait «un problème avec le peuple». «La critique de son action par les Français n’est pas celle de procureurs mais de citoyens éclairés et libres ! Accepter la critique populaire c’est aussi cela l’esprit républicain», a-t-il déclaré. «La démocratie c’est rendre des comptes», a quant à lui rappelé le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. La présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, a enfin ironisé sur la situation. «Virus ou pas, il y a au moins une chose qui ne change pas, c’est la propension d’Emmanuel Macron à vilipender les Français à tout bout de champ !», a-t-elle affirmé. Alors que la séquence a rapidement tourné sur les réseaux sociaux et alimenté les critiques, la nouvelle porte-parole de La République en marche, Maud Bregeon, a défendu les propos tenus par Emmanuel Macron. «En aucun cas le président a blâmé les Français», a-t-elle déclaré sur BFMTV. «Au contraire, il leur a lancé un appel : un appel à continuer à avancer ensemble, un appel à continuer à prendre des risques, à expérimenter des choses (…). Bien sûr qu’on a le droit de critiquer !» Reste que la sortie de Macron est pour le moins maladroite alors que les Français ont montré une résilience assez exemplaire lors de cette crise qui s’étire et qu’ils s’emblent même prêts, selon les sondages, à accepter l’éventualité d’un troisième reconfinement qui se profile et qui est de plus en plus évoqué à demi-mot par de nombreux ministres.

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