Jets de pierres, gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc. De nouveaux affrontements ont opposé hier, sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, fidèles palestiniens et policiers israéliens, faisant plus de 300 blessés, en majorité palestiniens, après un week-end de violences dans la Ville sainte.
Par Mourad M.
Face à l’escalade, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU est prévue plus tard dans la journée, à la demande de la Tunisie, sur la situation à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.
Alors que les appels internationaux au calme se multiplient, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a salué la «fermeté» des forces de l’ordre pour garantir la «stabilité» à Jérusalem. «Nous les soutenons dans cette juste lutte».
L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a elle dénoncé une «agression barbare» des forces israéliennes et le chef du mouvement islamiste palestinien à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, a averti que la «résistance palestinienne ne restera pas les bras croisés».
En début d’après-midi, les affrontements ont cessé sur l’esplanade, troisième lieu saint de l’islam situé dans la Vieille ville et dont l’accès a été limité en journée aux fidèles âgés de 40 ans et plus. Mais la situation reste tendue.
Tôt le matin, des centaines de Palestiniens ont lancé des projectiles en direction des forces israéliennes positionnées à l’intérieur de l’esplanade des Mosquées, a constaté un journaliste de l’AFP. Les policiers ont riposté en tirant des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 305 Palestiniens ont été blessés, dont plus de 200 évacués dans des ambulances sirènes hurlantes dans des hôpitaux.
Le Dr Adnane Farhoud, directeur général de l’hôpital Maqassed, a fait état de nombreuses blessures au visage et aux yeux par des balles en caoutchouc.
«Nous craignons qu’une chose grave se produise aujourd’hui», a dit le Dr Farhoud à l’AFP, alors que sept patients sont dans un état critique selon le Croissant-Rouge.
La police israélienne, qui garde les accès de l’esplanade appelée Mont du Temple par les juifs, a fait état d’au moins neuf blessés dans ses rangs. Elle a averti qu’elle ne laisserait «pas des extrémistes menacer la sécurité du public».
La reprise des violences a coïncidé avec «la Journée de Jérusalem», marquant, selon le calendrier hébraïque la conquête de Jérusalem-Est par l’État hébreu et souvent émaillée de heurts entre Palestiniens et Israéliens.
Israël a proclamé l’ensemble de Jérusalem sa capitale «éternelle et indivisible», tandis que les Palestiniens ambitionnent de faire du secteur oriental la capitale de l’État auquel ils aspirent. La question de Jérusalem constitue l’une des principales pierres
d’achoppement dans les négociations de paix israélo-palestiniennes au point mort depuis plusieurs années.
Vendredi soir, plus de 200 personnes, en grande majorité des Palestiniens mais aussi des policiers israéliens, ont été blessées dans les plus violents heurts depuis 2017 sur l’esplanade des Mosquées, lieu de hautes tensions.
Samedi et dimanche, le calme était revenu sur l’esplanade mais les heurts ont continué entre Palestiniens et policiers israéliens dans d’autres secteurs de Jérusalem-Est, faisant plus d’une centaine de blessés, selon le Croissant-Rouge palestinien.
L’un des vecteurs de tension des dernières semaines à Jérusalem-Est est le sort de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah menacées d’expulsion au profit de colons juifs. Une audience de la Cour suprême israélienne dans cette affaire prévue hier a été reportée sine die. Dans la bande de Ghaza, l’enclave palestinienne contrôlée par le Hamas, des ballons incendiaires et des roquettes ont été lancés dans la nuit vers le sud du territoire israélien limitrophe, en appui aux manifestants de Jérusalem.
Deux des sept roquettes ont été interceptées par le système anti-missiles et trois sont tombées dans des terrains vagues, selon l’armée. En représailles, l’armée a tiré «contre des postes militaires» du Hamas à Ghaza et fermé le point de passage d’Erez, le seul permettant à la population de Ghaza de sortir vers Israël.
Craignant l’escalade, dès vendredi, les États-Unis ont appelé Israéliens et Palestiniens à «mettre un terme à la violence» et exprimé leur inquiétude quant à «l’expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah».
L’Union européenne ainsi que les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, quatre pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël ces derniers mois, ont appelé au calme et à la retenue.
La Turquie a appelé «le monde à agir pour mettre fin à cette agression israélienne interminable contre des civils non armés sur leur propre terre».
M. M.