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dimanche 1 octobre 2023

Priorités

Conscient qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps pour convaincre Emmanuel Macron, François Bayrou multiplie ses efforts pour faire de la proportionnelle parlementaire une priorité politique du président français. Jeudi, le président du MoDem, également allié solide de Macron, a envoyé une lettre à l’Élysée pour demander «une représentation juste et pluraliste» et «un changement de culture politique» par l’instauration de la proportionnelle pour les législatives de 2022, une initiative reprise par Julien Bayou (EELV), Marine Le Pen (RN) et Jean-Christophe Lagarde (UDI). «Le but que nous nous fixons est de faire apparaître qu’il y a dans la démocratie française une majorité de forces politiques et de responsables politiques qui pensent qu’une loi électorale juste est désormais nécessaire», a expliqué le dirigeant centriste et haut commissaire au Plan. Dans son courrier au chef de l’État, Bayrou fustige «la brutalité» de l’actuel scrutin majoritaire, qui selon lui «freine la fonction de contrôle et empêche de fait tout dialogue utile entre les sensibilités politiques». «Or, nous avons plus que jamais besoin, non seulement d’une représentation juste et pluraliste, mais aussi d’un changement de culture politique qui permette, entre les différents courants politiques, chaque fois que possible, dialogue et coresponsabilité», fait valoir le candidat malheureux aux présidentielles de 2002, 2007 et 2012. L’offensive de Bayrou a été appuyée par les leaders d’EELV, du RN et de l’UDI, qui ont envoyé un courrier similaire dans la journée au président de la République. Pour le patron d’EELV, «c’est une question de pluralité de notre démocratie», a-t-il expliqué, en faisant observer que son mouvement politique a toujours soutenu la proportionnelle. Alors que François Bayrou propose de reprendre le système qui avait été mis en place en 1986, par circonscription départementale, Julien Bayou propose, quant à lui, des circonscriptions régionales, voire une seule liste nationale. Selon des sources concordantes, plusieurs présidents de groupes parlementaires ainsi que des élus socialistes, dont le maire de Dijon, François Rebsamen, s’apprêtent également à envoyer une missive. Il est à rappeler que l’instauration d’une dose de proportionnelle figurait parmi les promesses de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Mais «cette réforme n’est pas une priorité à ce stade», s’était agacé il y a quinze jours l’entourage du chef de l’État. Les stratèges macronistes plaident par ailleurs pour une mise en œuvre après 2022, notamment pour des raisons de calendrier parlementaire : la loi interdit en effet de retoucher le mode de scrutin moins d’un an avant sa tenue, c’est-à-dire qu’une réforme doit être adoptée d’ici quatre mois pour des élections législatives prévues en juin 2022. Mais, selon François Bayrou, «dans le cas où l’on considère qu’il y a des blocages dans les organisations», une telle réforme «peut aussi être adoptée en consultant les Français par un référendum». Le patron du MoDem rappelle, par ailleurs, que «tous les pays qui sont nos partenaires au sein de l’Union européenne, sans exception, ont organisé leur représentation parlementaire selon ce principe de pluralisme et de justice». Mais il est fort à parier, à moins que l’opinion ne se saisisse de cette question, l’Élysée restera sourd aux réclamations de Bayrou et des autres chefs de parti. Après tout, l’équipe présidentielle peut aisément mettre en avant la crise sanitaire et économique liée au Covid-19 pour prétexter un manque de temps et de ressources pour se préoccuper d’une question qui ne semble pas enthousiasmer plus que ça les Français, qui s’inquiètent plutôt de la vaccination et de la pérennité de leurs emplois.

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