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samedi 20 avril 2024

Présidentielle en Ouganda: Museveni en route pour un 6e mandat

Le Président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, se dirigeait hier vers un 6e mandat à la tête de l’Ouganda, les résultats partiels continuant de lui donner une large avance sur son principal adversaire, Bobi Wine, qui a dénoncé fraudes et violences.

Par Mourad M.

Selon les derniers résultats publiés hier par la Commission électorale, portant sur 91,1 % des bureaux de vote du pays, M. Museveni recueillait 58,8 % des suffrages, contre 34,5 % à Bobi Wine – Robert Kyagulanyi de son vrai nom. Les résultats finaux de la présidentielle du 14 janvier sont attendus dans les heures à venir. Parallèlement, les résultats partiels des législatives – organisées le même jour que la présidentielle – montrent que la Plateforme de l’Unité nationale (NUP), formation de M. Wine, est en passe de devenir le principal parti de l’opposition au Parlement. La NUP remporte notamment huit des neuf circonscriptions de la capitale Kampala. Les élections se sont déroulées à l’issue d’une campagne particulièrement violente, marquée par le harcèlement et les arrestations de membres de l’opposition, des agressions contre les médias et la mort d’au moins 54 personnes dans des émeutes après une énième arrestation de M. Wine, dont la campagne a été largement entravée au nom des restrictions anti-Covid. Le scrutin s’est déroulé dans un calme apparent jeudi, mais sous la forte et oppressante présence de policiers anti-émeutes et de militaires, et sur fond de coupure d’internet, entrée hier dans son 4e jour. M. Wine a dénoncé des fraudes massives – telles que des bourrages d’urnes, des bulletins préremplis, des électeurs n’ayant reçu des bulletins que pour les législatives ou des agressions contre les observateurs de son parti, parfois chassés des bureaux de vote. Vendredi, il a dénoncé les premiers résultats partiels de la présidentielle : «Ce qui est annoncé est une mascarade complète, nous les rejetons». «Nous avons certainement remporté l’élection et nous l’avons largement remportée», a affirmé à la presse l’ancienne star de ragga, 38 ans et aux origines modestes, très populaire au sein de la jeunesse urbaine ougandaise. Le scrutin a fait l’objet du «pire trucage jamais connu en Ouganda», a-t-il assuré, promettant de fournir des preuves vidéos une fois l’accès à internet rétabli. Le président de la Commission électorale, Simon Mugenyi Byabakama, a rejeté ces accusations de fraude et demandé à M. Wine de «démontrer au pays de quelle manière (…) les résultats sont truqués». Le secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires africaines, Tibor Nagy, a estimé sur sur Twitter le vote «fondamentalement biaisé», dénonçant le refus d’accréditer des observateurs électoraux étrangers et «la violence et le harcèlement des responsables de l’opposition». Il a estimé «essentiel le rétablissement immédiat et total des connexions à internet» et «exhorté tous les acteurs à la retenue et au rejet de la violence alors que les résultats sont annoncés». La police a d’ores et déjà averti la population de ne pas sortir pour célébrer ou contester les résultats, se basant sur les règles sanitaires draconniennes de lutte contre le Covid-19, déjà utilisées pour empêcher les rassemblements de l’opposition durant la campagne. Hier, le domicile de M. Wine était toujours encerclé par des policiers et des militaires qui s’y sont déployés la veille. Vendredi après-midi, M. Wine avait indiqué se «sentir menacé»: «Ils ont sauté par dessus la clôture, ils sont venus dans l’enceinte (…) je ne sais pas pourquoi ils sont là, mais j’imagine que c’est pour me faire du mal». Le porte-parole adjoint de l’armée, Deo Akiiki, a au contraire justifié la présence des militaires pour assurer la sécurité du candidat, affirmant qu’ils avaient empêché trois personnnes d’«accéder à sa maison». M. Museveni dirige l’Ouganda depuis qu’il a pris le pouvoir à la tête d’un mouvement rebelle en 1986. D’abord applaudi comme un leader moderne après les horreurs des régimes d’Idi Amin Dada et Milton Obote, il s’est progressivement mué en président autoritaire, écrasant toute opposition. Son parti hégémonique, le Mouvement de Résistance nationale, a modifié deux fois la Constitution pour lui permettre de rester au pouvoir. En Afrique, seuls Teodoro Obiang Nguema, en Guinée équatoriale, et Paul Biya, au Cameroun, ont passé plus de temps au pouvoir sans interruption. Les trois quarts des 44 millions d’Ougandais ont moins de 30 ans et n’ont pas connu d’autre président que lui.

M. M.

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