Finalement il arrive à atteindre 11 % au premier tour du scrutin, quatrième, derrière Marine Le Pen et devant François Bayrou. Ce positionnement surprise lui donne une nouvelle stature et l’espoir qu’un jour le château de l’Élysée sera sa demeure. Surtout que lors de la présidentielle de 2017, Mélenchon qui arrive une fois encore quatrième, récole cette fois-ci 19,6 % des voix. D’ailleurs, 46 % des Français estimaient que le chef des Insoumis avait «la stature d’un président de la République» en avril 2017. Or, ils ne sont plus aujourd’hui que 22 % à le penser. S’il tentera sans aucun doute une troisième fois sa chance à l’élection présidentielle en 2022, le dirigeant des Insoumis va devoir reconquérir l’opinion. Selon une enquête IFOP publiée jeudi 24 septembre, seuls 22 % des Français considèrent que le député des Bouches-du-Rhône a «la stature d’un président de la République». Une chute vertigineuse que Jean-Luc Mélenchon doit notamment à son attitude lors des perquisitions au siège de La France Insoumise, en octobre 2018. Le chef de LFI avait perdu ses nerfs devant policiers et magistrat, qui agissaient dans le cadre d’une enquête sur le financement de sa dernière campagne présidentielle et sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen. L’ancien candidat avait notamment ordonné à ses troupes d’«enfoncer la porte» de son local perquisitionné et avait lancé la fameuse phrase : «La République, c’est moi !». La scène, filmée par des journalistes, avait ensuite tourné en boucle. Après cet incident qui lui a valu une condamnation en justice, Jean-Luc Mélenchon avait décroché dans les sondages. Seuls 20 % des Français considéraient qu’il avait alors «la stature d’un président de la République» (26 points de moins par rapport à avril 2017). L’Insoumis était remonté à 29 % en janvier 2019, profitant du mouvement des «gilets jaunes», avant de rechuter. Autre conséquence : 54 % des Français se disent aujourd’hui inquiétés par Jean-Luc Mélenchon. Ils n’étaient que 39 % à le craindre avant le premier tour de l’élection présidentielle. Enfin, et c’est peut-être le pire pour l’Insoumis, ils ne sont plus que 41 % a estimé qu’il «est proche des préoccupations des Français». Ils étaient 76 % en 2017. Un cadre de la direction EELV qui le connaît bien souligne : «Mélenchon avait réussi à construire une histoire, à parler aux Français. Il a pris le contre-pied de tout ça au moment des perquisitions», note-t-il. Le chef des Insoumis, qui doit annoncer sa candidature à l’automne, a dix-huit mois pour reconstruire son image et convaincre les électeurs qu’il n’est pas seulement un agitateur qui ces dernières années s’est radicalisé de plus en plus, se rapprochant par ailleurs des mouvements racialistes et indigénistes. Un tournant idéologique qui a fini par antagoniser une partie même de sa base et qui, loin de lui apporter des électeurs, réduit au contraire la population de votants susceptibles de le choisir comme candidat pour 2022.