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jeudi 23 mars 2023

Première année de guerre, premier bilan 

S’agissant de la guerre en Ukraine, il faudrait d’abord s’entendre sur ce qu’elle est fondamentalement : une guerre entre ces deux pays voisins aux deux histoires longtemps confondues que sont l’Ukraine et la Russie, ou bien n’est-ce là qu’une apparence, qu’en réalité ses protagonistes véritables sont d’une part la Russie, et de l’autre les Etats-Unis ? Pour ces derniers et leurs alliés, c’est une guerre consécutive à une invasion, celle d’une grande puissance, la Russie, qui a envoyé, il y a maintenant une année, ses troupes sur le territoire de son faible voisin, l’Ukraine. Eux-mêmes ne font qu’aider le plus faible à résister au plus fort, et même davantage, en vue de le forcer à repasser ses frontières. En dehors d’eux, le reste des membres de l’ONU ne semble pas se faire une idée bien précise de ce qui est en cours. Au dernier vote à l’Assemblée générale sur une résolution proposée par l’Ukraine demandant à la Russie de retirer ses forces d’Ukraine, il y a eu 141 pour, 7 contre, et 32 abstentions. On peut penser au vu de ces chiffres que la communauté internationale dans son écrasante majorité approuve la position du camp opposé à la Russie, et emmené non pas par l’Ukraine mais par les Etats-Unis. Il n’en est rien en fait. Dans le nombre des 141 pays ayant approuvé la résolution appelant la Russie à retirer ses forces, c’est seulement une minorité qui voit dans cette guerre une guerre d’agression — une guerre de choix dirait le président américain. On en connait même le nombre exact : ils sont 50, ceux-là mêmes qui se réunissent à l’occasion pour décider de l’aide militaire à envoyer à l’Ukraine. Sur ces 50, 30 sont membres de l’Otan, et 20 autres des alliés qui n’en peuvent pas faire partie en raison de leur position géographique. Ils n’appartiennent pas à l’alliance, certes, mais ils sont atlantistes. Tous les autres pays ayant voté la résolution de vendredi dernier sont en fait des pays neutres par rapport à ce conflit, qui n’ont pas tant condamné la Russie que sa violation en l’espèce de la charte des Nations unies. Les 32 pays qui se sont abstenus, parmi lesquels l’Algérie, l’ont fait surtout par opposition à l’Otan. Ils croient que la guerre en Ukraine n’est pas une guerre de la Russie contre l’Ukraine, mais de la Russie contre l’Otan. Pour eux, qui plus est, ce n’est pas cette dernière qui est l’agresseur, mais l’Otan qui depuis longtemps se rapproche de ses frontières. Outre le bilan militaire de cette première année de guerre, il faut aussi en faire un au plan diplomatique, et un troisième au plan économique. Car cette guerre ne s’est pas tenue sur un seul, mais sur trois fronts. Aussi tout bilan d’étape, pour être exhaustif, doit-il se faire à ces trois niveaux. Les alliés de l’Ukraine ont cru d’abord que les sanctions économiques contre la Russie, les plus sévères qui aient été prises contre un pays, suffiraient à elles seules à la faire battre en retraite. C’est après avoir vu qu’il n’en était rien, qu’elle ne se laissait pas isoler au plan économique, que son économie résistait, et par bien des côtés mieux que les leurs, qu’ils en sont venus à armer l’Ukraine, à transformer du même coup la guerre en guerre par procuration. Premier bilan donc, côté alliés de l’Ukraine : succès relatif au plan diplomatique, représenté par les votes à l’Assemblée générale de l’ONU, mais échec éclatant au plan économique, l’économie russe ne s’étant pas effondrée, il s’en faut, et incertitude sur le terrain militaire.

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