Pourparlers

La guerre en Ukraine aura débuté voilà bientôt une année et cela fait tout aussi longtemps que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, tente d’utiliser cette tragédie pour imposer son pays au sein de l’Union européenne par le biais d’une procédure d’urgence exceptionnelle, alors même que le dossier de son pays, avant le début de la guerre, n’était même pas sérieusement envisagé par Bruxelles. Mais Zelensky estime aujourd’hui que son pays, envahi par la Russie fin février 2022, méritait de commencer dès «cette année» les pourparlers en vue d’entrer dans l’Union européenne. «Je pense que l’Ukraine mérite de commencer cette année les négociations concernant son adhésion à l’UE», a déclaré Volodymyr Zelensky, s’exprimant à la veille d’un sommet à Kiev entre l’UE et l’Ukraine. L’Ukraine, candidat officiel à l’adhésion à l’UE depuis juin 2022, a accueilli vendredi un sommet avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel. Ursula von der Leyen a assuré l’Ukraine de tout le soutien de l’Union européenne en arrivant jeudi à Kiev, accompagnée de ses commissaires. «C’est bon d’être de retour à Kiev, ma quatrième fois depuis l’invasion par la Russie et, cette fois-ci, avec mon équipe de commissaires», a-t-elle tweeté. «Nous sommes là ensemble pour montrer que l’UE se tient fermement aux côtés de l’Ukraine». Mme von der Leyen est accompagnée du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et d’une quinzaine de commissaires européens qui doivent rencontrer leurs collègues du gouvernement ukrainien. La Commission a qualifié cette visite de «symbole fort» du soutien européen à l’Ukraine, «face à l’agression injustifiée» de la Russie. Le président français Emmanuel Macron a toutefois tenté d’atténuer les espoirs ukrainiens en prévenant dès mai que le processus d’intégration de l’Union européenne pourrait prendre «des décennies». Mais le président Zelensky semble lui bien décidé à user de la guerre que mène son pays contre la Russie pour réussir à extirper un billet d’entrée pour l’UE. Un billet si possible qui lui ferait gagner les dizaines d’années d’efforts et de réformes qu’ont dû traverser les derniers arrivants à Bruxelles. Reste à voir, néanmoins, si la stratégie que mène le dirigeant ukrainien sera au final efficace et si l’UE sera prête à accueillir un pays aussi peu préparé que l’est l’Ukraine à intégrer l’Europe des 27, ou si le pragmatisme, surtout économique, l’emportera sur la démagogie criante des dirigeants de la zone euro.