Cela fait plusieurs jours que l’Iran attend la réponse des Etats-Unis à ses observations, ou réserves, relatives au plan mis au point par les Européens en vue de relancer l’accord de Vienne sur son programme nucléaire, que ce soit sous sa première forme ou dans une autre plus ou moins remaniée, accord, comme on le sait, à l’arrêt depuis le retrait des Etats-Unis en 2018. Un communiqué de la Maison-Blanche faisant état d’un échange téléphonique survenu ces dernières heures entre Joe Biden, Olaf Sholz, Emmanuel Macron et Boris Johnson, nous apprend que désormais l’attente des Iraniens ne sera pas longue. Cela on le sait non pas parce la Maison-Blanche a donné une indication temporelle précise, mais parce que les quatre ont tenu à cette occasion, dit son communiqué, à renouveler leur soutien à leurs partenaires du Moyen-Orient en butte aux «manœuvres de déstabilisation» incessantes de la part de l’Iran.
En effet, si les Occidentaux en sont revenus à rassurer leurs amis dans la région, pour qui tout accord avec l’Iran est un mauvais accord, c’est sûrement parce qu’ils ont pris la décision de renouer le fil de l’accord de 2015, considérant quant à eux qu’un accord même discutable est préférable à l’absence de tout accord avec l’Iran. Le plan européen, basé sur un retour certes progressif, mais somme toute plutôt rapide à la situation prévalant avant le retrait américain, n’est pas accepté tel quel par les Iraniens, qui y ont opposé des réserves, encore qu’il n’ait pas été possible sans qu’eux-mêmes aient lâché du lest. A titre d’exemple, l’abandon par eux de la demande faite aux Américains de retirer les Gardiens de la révolution islamique de la liste américaine des organisations terroristes. Ils restent fermes par contre, disent-ils, sur d’autres «détails», dont cependant ils ne révèlent pas la nature exacte. D’une façon générale, pour que les Iraniens aient formulé pendant des mois des exigences comme celle dont il vient d’être question, c’est qu’ils ne se sentaient pas pendant la négociation, étalée tout de même sur des mois, en position de faiblesse face aux Américains, auxquels par exemple ils n’ont jamais accepté de parler directement. A lui seul ce détail dit quelle partie a en fait dominé la négociation. Sur un autre point les Iraniens ont tenu la dragée haute aux Américains : leur demande de garanties que ceux-ci seraient dans l’incapacité de se retirer une deuxième fois de l’accord. L’administration Biden a objecté à cela qu’elle ne pourrait s’engager que sur ce qui dépendait d’elle directement. Elle ne pourrait rien garantir au-delà de la durée de son mandat, ou plutôt de ce qu’il en reste, étant déjà à moitié consommé. Les Iraniens ont laissé tomber cette exigence tout en sachant que les républicains, pour l’heure dans l’opposition, seraient à même de dénoncer à nouveau l’accord s’ils revenaient aux affaires, une possibilité d’ailleurs tout à fait plausible. A vrai dire, c’est parce que ce retour des républicains est une hypothèse forte qu’ils ont fait la concession consistant à ne plus faire dépendre l’accord d’une garantie devant être apportée par l’administration américaine actuelle. Si l’accord de 2015 est bientôt rétabli, comme tout tend à le laisser penser, ils disposeront tout le moins de deux années pendant lesquelles leur économie ne subira pas le régime des sanctions économiques américaines. C’est toujours mieux que rien, ont-ils estimé.