Dénonçant la réaction du ministère du Travail, des syndicats de la Fonction publique ont annoncé que «la grève de deux jours, prévue pour les 26 et 27 avril, est maintenue dans le respect des procédures légales».
Par Thinhinane Khouchi
La grève générale des travailleurs de la Fonction publique annoncée pour les 26 et 27 avril, à laquelle ont appelé une trentaine de syndicats autonomes de la Fonction publique membres de la Confédération des syndicats algériens, «est maintenue», selon ses organisateurs. Malgré la récente réaction du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale soulignant dans un communiqué le cadre non réglementaire de ce mouvement de protestation contre le pouvoir d’achat et affirmant au sujet des organisations syndicales qui ont lancé cet appel qu’«elles ne peuvent pas activer pour non-conformité à la loi en vigueur», les syndicats se sont insurgés contre ces propos. «C’est vraiment malheureux qu’un ministre du Travail donne de fausses informations et ignore les lois de la République, alors qu’il est censé être lui-même garant du respect de ces mêmes lois», a déclaré Boualem Amoura, secrétaire général du syndicat agréé Satef et coordinateur de la CSA, à un média national. Il a précisé que l’appel à la grève a été lancé par des syndicats agréés et non par la CSA. Les préavis de grève sont déposés aux noms des syndicats, chacun dans son secteur. Le syndicaliste a insisté sur le fait qu’«en tant que syndicats, nous sommes respectueux des procédures administratives et du cadre légal de notre mouvement de protestation et donc chaque syndicat a déposé individuellement, huit jours avant le préavis de grève, et chacun dans son secteur, conformément à la loi». Amoura a précisé qu’«un préavis de grève doit être suivi d’une réunion de conciliation d’un appel au dialogue, mais pour le moment, personne ne nous a contactés. Il n’y a donc pas lieu de suspendre le mouvement». Concernant la légitimité du CSA et la problématique autour de son agrément, le coordinateur de la CSA explique que «le ministre a tous les dossiers à ce sujet à son niveau. Une demande a été introduite en 2018, mais elle est restée sans réponse. En 2019, nous avons actualisé le dossier avec trois expertises et saisi le Bureau international du travail (BIT)». Et d’enchaîner que «le ministre cite dans son communiqué la loi n° 90-14 du 02 juin 1990, modifiée et complétée, relative aux modalités d’exercice du droit syndical, notamment concernant le récépissé d’enregistrement, et justement qu’attend le ministre pour la promulgation du nouveau texte, alors qu’il a été adopté par les deux chambres du Parlement depuis un mois ?». Par ailleurs, Amoura a estimé que les revendications sociales, concernant l’amélioration du pouvoir d’achat, est un dossier lourd qui doit être géré par le gouvernement. «Nous avons demandé de dialoguer avec le gouvernement, nous avons même précédemment demandé à être associés à la tripartite, mais on ne nous a jamais répondu». Il a tenu à ajouter que «les pouvoirs publics savent que les travailleurs sont en colère et s’ils n’avaient pas peur de cette grève, ils ne nous auraient pas donné autant d’importance à travers ces menaces». Enfin, selon lui, le pouvoir d’achat en Algérie est «catastrophique et subit une érosion flagrante. Les Algériens ne peuvent plus ni se soigner ni se nourrir. Manger ce n’est pas seulement du pain et du lait». Pour améliorer le pouvoir d’achat, Boualem Amoura a suggéré qu’il y ait une distribution équitable des richesses, la révision de la politique salariale et un retour à une seule caisse de retraite.
T. K.