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vendredi 19 avril 2024

Pour Biden l’envahissement du Capitole est une affaire du passé

Devant le Congrès, il y a moins d’une semaine, Joe Biden a conclu son premier speech sur l’état de l’Union sur ce qu’aux Etats-Unis on appelle presque toujours «Capitol Riot» (émeute du Capitole). Sans plus de précision, sans même faire suivre l’expression de la date correspondante, le 6 janvier de cette année, ce jour n’étant pas près en effet d’être oublié par les Américains. C’est évidemment à dessein qu’il a repoussé à la toute fin de son adresse au Congrès l’évocation d’un événement dramatique sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis. Il aurait fait l’inverse, commençant par là son discours, il n’aurait pas réussi à faire passer dans l’esprit de ses concitoyens le véritable message qu’il avait pour eux, qui est que l’Amérique, loin d’être encore sous le choc de la violation du temple, en est sortie en réalité plus forte qu’elle ne l’était auparavant. Déjà dans son discours d’investiture fin janvier sur les marches du capitole, ce thème d’une Amérique secouée, violentée, éprouvée, mais cependant d’une Amérique plus dominante que jamais, parce que ce qui ne vous tue pas vous rend plus puissant, avait été abordé, non seulement à travers des mots mais aussi par la mine dure du visage, celle-ci d’ailleurs en disant plus long que ceux-là.

C’est là bien sûr un avertissement à tous ceux qui à travers le monde seraient tentés sur la foi du 6 Janvier de porter atteinte aux intérêts des Etats-Unis, ou même seulement d’agir enfin à leur guise, au mépris de leurs interdits. La hâte de Joe Biden à tourner une page douloureuse dans l’histoire des Etats-Unis est humainement compréhensible. Elle ne semble pas toutefois répondre à la réalité. Pour une raison simple, qui sans doute n’échappe pas au président des Etats-Unis : les causes ayant conduit au séisme du 6 Janvier ne se sont pas dissipées dès le lendemain et comme par enchantement. Elles sont au contraire toujours là, toujours à l’œuvre. C’est ainsi qu’il y a aujourd’hui au sein du parti républicain moins d’opposants à Trump qu’il n’y en avait en janvier et encore en février. On a eu de nouveau la preuve pas plus tard qu’il y a deux jours, lors de la convention de l’Utah des républicains, où le fameux sénateur Mitt Romney, s’est fait copieusement conspué, et même traiter de traître, lorsqu’il fut appelé à la tribune. En janvier, Donald Trump était un président venant du parti républicain. Mitt Romney a été l’un des rares républicains à voter pour la destitution de Trump. En janvier Trump était encore président. Aujourd’hui il n’est plus président, mais il est devenu le chef incontestable de son parti. Or jusqu’à lui, un président, réélu ou pas, qui quitte la Maison-Blanche, cesse d’être politiquement actif. La tradition veut par exemple qu’il s’abstienne même de critiquer son successeur. S’il continue de faire de la politique, c’est avec une grande discrétion. Surtout il n’a plus d’avenir politique. Il appartient à l’histoire du pays. Avec Trump, ces mœurs ont volé en éclats. La prochaine présidentielle est dans quatre ans. Peu importe, on sait déjà qu’il y sera en tant que candidat des républicains. Si c’est lui la véritable cause de l’émeute insurrectionnelle du 6 Janvier, comme les démocrates le disent et le répètent, sans d’ailleurs pouvoir rien faire pour lui en faire payer le prix, cette cause est toujours là, à l’œuvre, bien qu’elle soit quelque peu en retrait pour l’heure, en tout cas en comparaison de l’activisme débridé qui était le sien. Trump, qui
s’était imposé à l’establishment républicain en 2016, lequel alors ne voulait pas de lui pour candidat, n’a maintenant que des fidèles au sein de son parti. Dans le nombre des caciques, ceux qui ne le sont pas ne forment même pas une dizaine. La base, quant à elle, lui est entièrement acquise, et pas que d’hier. Rien que pour cela, Biden n’est pas très crédible en prétendant que la page du 6 Janvier est déjà tournée.

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