En seulement quelques jours, le prix de la pomme de terre est passé de 70 à 120 DA dans différents marchés du pays. Une hausse injustifiée, selon le président de la Fédération nationale des producteurs de pomme de terre, qui assure que c’est la faute aux «spéculateurs qui s’adonnent à des activités criminelles et s’interposent comme intermédiaires entre les agriculteurs et les commerçants».
Par Thinhinane Khouchi
Sur les étals des marchés, notamment ceux de la capitale, le prix de la pomme de terre a atteint dernièrement 120 dinars le kilogramme. Une situation qui reste incompréhensible pour les consommateurs qui se demandent d’ailleurs où sont les promesses et les mesures prises par le ministre du Commerce pour vendre la pomme de terre à 50 dinars. Selon le président de la Fédération nationale des producteurs de pomme de terre, Hassan Kadmani, «cette flambée du prix de la pomme de terre m’étonne vraiment. Chez les producteurs, ce produit ne dépasse pas les 60 dinars, contrairement aux commerçants de détail qui le proposent à plus de 100 DA le kilogramme». «Cette flambée laisse présager une manipulation des prix et une spéculation, ce qui nécessite une enquête urgente sur la hausse injustifiée du prix de la pomme de terre sur les marchés de gros et de détail au niveau les wilayas du nord», a confié Hassan Kadmani. Les producteurs ne sont pas responsables de cette flambée, a indiqué l’intervenant, assurant que cette hausse soudaine des prix est à mettre sur le compte des spéculateurs qui s’adonnent à des activités criminelles et s’interposent comme intermédiaires entre les agriculteurs et les commerçants. De son côté, Dris Leghmiri, directeur des marchés de gros de fruits et légumes des wilayas du Sud, est, quant à lui, d’un tout un autre avis. Il assure que le prix d’un kilo de pomme de terre à Oued Souf, qui assure 90 % de la production nationale, a atteint les 95 dinars le kilogramme. Le responsable s’interroge sur les raisons qui ont poussé les agriculteurs à aller vers cette hausse. «S’agit-il d’une baisse de production, d’une augmentation de la demande, ou est-ce les spéculateurs qui se sont encore une fois introduits dans le circuit ?», s’interroge Leghmiri. Cette nouvelle hausse nous ramène celle du mois de novembre dernier, où la pomme de terre était vendus à plus de 110 DA le kilo. Pour faire face à cette hausse, la première mesure du gouvernement a été de puiser dans ce qui est appelé le «stock stratégique» de pomme de terre et d’injecter de grandes quantités du produit sur le marché pour tenter d’atténuer la forte demande. Sur les ondes de la Radio nationale, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, avait promis que cette décision suffirait à satisfaire les besoins du marché et mettre un terme à la spirale spéculative. Il fut rapidement contredit, le Président Tebboune ayant évoqué, fin octobre dernier, la possibilité de recourir à l’importation «à titre urgent et exceptionnel». La pomme de terre a finalement connu une baisse, se vendant 70 DA le kilo au mois de janvier dernier. Malheureusement, depuis une semaine, le prix de ce produit a été revu à la hausse. Une situation qui reste incompréhensible pour les consommateurs qui se demandent quand cette hausse s’arrêtera.
T. K.