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vendredi 29 mars 2024

Pologne: «La crise migratoire pourrait durer des années»

Le Pologne a averti, hier, que la crise avec le Bélarus «pourrait durer des mois, voire des années», affirmant que les migrants ont à nouveau «attaqué la frontière polonaise», limite orientale de l’UE, pendant la nuit.

Par Mourad M.

Mardi, les forces de sécurité polonaises avaient fait usage de gaz lacrymogènes et déployé des canons à eau pour repousser des migrants qui leur jetaient des pierres en tentant de traverser la frontière.
Quelques milliers de migrants, originaires principalement du Moyen-Orient, campent toujours du côté du Bélarus par des températures négatives dans des conditions très précaires, l’Occident accusant Minsk d’avoir orchestré depuis l’été la crise en réponse à des sanctions et afin de diviser l’UE.
L’UE affirme que Minsk a organisé l’afflux de milliers de migrants aux frontières de la Pologne et de la Lituanie pour se venger des sanctions imposées après l’implacable répression de l’opposition bélarusse depuis 2020.
Le président bélarusse, Alexandre Loukachenko et son principal allié, le président russe Vladimir Poutine, ont rejeté les accusations et critiqué l’UE pour ne pas avoir accueilli les migrants, dont certains sont restés bloqués pendant des semaines dans les régions frontalières boisées, la Pologne, ainsi que les deux autres voisins européens du Bélarus, la Lituanie et la Lettonie, refusant de les accueillir.
«La situation à la frontière polono-bélarusse ne sera pas résolue rapidement. Nous devons nous préparer pour des mois, voire des années», a déclaré le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, à la radio publique polonaise PR1.
Selon le ministre, les tentatives de franchissement de la frontière se sont poursuivies la nuit, les migrants utilisant la même «méthode d’attaque de la frontière polonaise» que celle observée mardi au poste frontière de Bruzgi-Kuznica.
«L’attention du public s’est concentrée sur ce qui s’est passé à Kuznica, tandis que de plus petits groupes de migrants ont tenté de franchir la frontière polonaise dans d’autres sections, également de nuit», a-t-il déclaré.
Les gardes-frontières polonais ont enregistré mardi au total «161 tentatives de passage illégales de frontière», y compris «deux tentatives de passage en force», selon un communiqué.
La police polonaise a indiqué, hier, que neuf fonctionnaires ont été blessés mardi lors des affrontements, de même qu’un garde-frontière et un soldat.
Le Bélarus et la Russie ont condamné les mesures prises par les forces polonaises mardi, qui sont intervenues après que Bruxelles et Washington ont annoncé lundi vouloir élargir dans les prochains jours les mesures punitives prises contre le Bélarus. Suite à des pressions de l’UE, la compagnie aérienne bélarusse Belavia avait annoncé lundi que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient désormais interdits de vol depuis Dubaï vers le Bélarus. La Turquie a imposé les mêmes restrictions la semaine passée.
L’Irak a annoncé un vol de rapatriement prévu aujourd’hui pour au moins 200 de ses ressortissants bloqués à la frontière, dont des femmes et des enfants.
Le Président Loukachenko, au pouvoir depuis trois décennies, s’est entretenu lundi de la crise avec la chancelière allemande Angela Merkel.
C’était son premier appel téléphonique avec un dirigeant occidental depuis la répression de manifestations de masse contre son régime l’année dernière.
Le président français Emmanuel Macron s’est également entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine pour tenter de désamorcer la crise. Les organisations humanitaires affirment qu’au moins 11 migrants sont morts des deux côtés de la frontière depuis le début de la crise cet été et ont réclamé une réponse humanitaire. La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe qui s’est rendue dans la région frontalière mardi a affirmé que la situation à la frontière entre la Pologne et le Bélarus était «extrêmement complexe et problématique».
«Nous devons trouver un moyen de désamorcer la situation», a déclaré Dunja Mijatovic, soulignant à la presse que «l’objectif est vraiment d’arrêter la souffrance».
La télévision d’État russe a montré hier des centaines de migrants dans un centre couvert mis en place par les autorités bélarusses près de la frontière, où des familles avec des enfants ont passé la nuit.
Le ministère bélarusse de la Santé a déclaré avoir hospitalisé six personnes, dont quatre enfants.
M. M.

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