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dimanche 4 juin 2023

Plus de chars, plus de guerre

Tout ce bruit autour des chars dont il faut équiper l’Ukraine avant qu’arrivent les offensives du printemps a évidemment pour but de forcer la main à l’Allemagne, peu enthousiaste à l’idée que du matériel lourd marqué de son empreinte se retrouve aux premières lignes dans une guerre avec une superpuissance nucléaire aussi peu commode que la Russie. Passe encore si celle-ci était en train de subir la défaite stratégique promise au début par les Etats-Unis, ce serait un moindre mal, largement compensé d’ailleurs par le fait d’être associé à la victoire commune. Or c’est tout le contraire qui se produit. Dans un contexte aussi défavorable, la meilleure des armes serait envoyée non pas pour rééquilibrer les forces, et encore moins pour arracher l’avantage à l’un et le redonner à l’autre, mais pour la faire démolir, et voir du même coup sa réputation réduite à néant. C’est d’ailleurs un calcul de ce genre qui est prêté aux Américains, qui ne ferait faire pression dans cette optique sur les Allemands par Polonais interposés que pour qu’il soit prouvé que les Leopard ne sont bons que sur le papier, en aucune manière sur un véritable champ de bataille.

Si les Russes sont parvenus en effet à détruire les centaines de chars dont disposait au départ l’Ukraine, au point qu’il faut lui en trouver de nouveaux, ils brûleraient aussi ces derniers, quels qu’ils soient, des Leopard, des Challenger britanniques, des Leclerc français, des Abrams américains. Ce bruit entretenu par cet appareil de propagande de guerre que sont devenus les grands médias occidentaux a aussi pour objectif de passer sous silence un fait criard, qui est que si l’Ukraine a besoin aujourd’hui de chars, c’est parce que ceux qu’elle avait ont été détruits par les Russes. Or dire la vérité sur ce point, c’est comme reconnaître que la guerre est déjà perdue. Mieux vaut être en train de perdre cette guerre précisément que l’avoir déjà perdue. Ne plus avoir du tout de chars alors que la Russie s’apprête à une offensive d’envergure, c’est avoir déjà perdu la guerre. En livrer quelques dizaines à l’Ukraine, suffisamment en tout cas pour continuer de parler de sa victoire prochaine, c’est apporter la preuve à son opinion interne que cette guerre n’est pas encore perdue, et que ne l’étant pas encore, elle reste gagnable. Les Etats occidentaux ne sont pas menacés que par la victoire russe, mais également par leurs opinions, dont le mécontentement affleure dangereusement, pour certaines du moins. Une défaite contre la Russie risque de déborder l’Ukraine, ce que la guerre à son plus fort n’a pas réussi à faire. Dans le même temps où les Etats-Unis manœuvrent à l’arrière contre les Allemands, ils font le tour des pays d’Amérique du Sud disposant d’armement russe lourd, c’est-à-dire de chars, pour les convaincre de les échanger contre des armes américaines, des Abrams forcément. Le fait est certain, le président colombien Gustavo Petro ayant tenu à faire connaître le niet qu’il avait opposé à une proposition de ce genre. Ainsi donc, l’idéal pour les Américains aujourd’hui même, ce n’est pas de livrer à l’Ukraine des Leopard ou des Abrams, soi-disant ce qu’il y a de meilleur en la matière, mais des T-72 russes, que les Ukrainiens avaient à profusion mais qu’ils n’ont plus.

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