L’Ethiopie a célébré samedi le retour, sur son sol, d’une série de trésors antiques pillés au 19e siècle par des soldats britanniques et récemment revenus du Royaume-Uni, de Belgique et des Pays-Bas, après une longue campagne diplomatique pour obtenir leur restitution, ont rapporté des médias. La collection comprend notamment une couronne de cérémonie, un bouclier impérial, un ensemble de coupes en corne argentée, un livre de prières manuscrit et divers bijoux. La plupart des pièces restituées avaient été pillées par l’armée britannique lors de sa victoire sur l’empereur d’Abyssinie Tewodros II à la bataille de Magdala en 1868. Les trésors ont été dévoilés à la presse au Musée national d’Addis-Abeba, deux mois après avoir été officiellement remis aux autorités éthiopiennes à Londres en septembre. La remise de ces objets constitue la plus importante restitution jamais réalisée au profit de l’Ethiopie qui continue de demander à Londres de lui remettre encore de nombreux autres objets, notamment les tablettes sacrées de pierre et de bois, conservées au British Museum de Londres et jamais exposées au public, représentant une Arche d’Alliance (coffre qui, selon la Bible, a contenu les Dix Commandements donnés au prophète Moise sur le mont Sinaï). Addis-Abeba réclame également la restitution des restes du fils de Tewodros, le prince Alemayehu, qui avait été emmené en Angleterre après le suicide de son père suite à sa défaite sur le champ de bataille. Plusieurs des objets exposés samedi au Musée national d’Addis-Abeba devaient être vendus aux enchères mais ont été rachetés par la Fondation philanthropique Scheherazade dans le but de les rendre à l’Ethiopie. D’autres objets ont été acquis auprès de particuliers, de collectionneurs, de marchands ou d’investisseurs, dont un ensemble de manuscrits médiévaux qui devaient être vendus aux enchères à La Haye.
L’Ethiopie est également en négociations pour la restitution d’une bible et d’une croix qui devraient faire l’objet d’une vente aux enchères aux Etats-Unis. Début novembre, un autre pays africain pillé par une autre puissance coloniale, le Bénin, a recouvré une trentaine d’objets d’art qui lui ont été officiellement rendus par la France, qui avait emporté ces objets du royaume d’Abomey à la fin du 19e siècle. «Toutes ces restitutions se déroulent dans le contexte mondial du questionnement du rôle des musées dans la figuration des histoires coloniales et de la légitimité à exposer des objets ainsi pillés», a souligné le Comité national éthiopien de Restitution de l’Héritage lors de la présentation des objets restitués.
Farid H.