La candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen, espère être en mesure de réussir à se requalifier au second tour de la présidentielle du mois prochain et à être cette fois-ci capable de l’emporter face, si l’on en croit les sondages, à Emmanuel Macron. À l’occasion du 19 mars, elle tente ainsi de flatter l’électorat des pieds-noirs et des harkis et de leurs descendants. Un électorat caressé depuis longtemps par son parti. La candidate RN à l’investiture suprême estime ainsi que des milliers de harkis ont été « sauvagement assassinés » après la signature des accords d’Évian marquant la fin de la guerre. Marine Le Pen a redit hier « contester » la date du 19 mars 1962, marquant le cessez-le-feu et la fin de la guerre en Algérie, estimant que des milliers de harkis avaient été « sauvagement assassinés ». Les rapatriés critiquent la référence aux accords d’Évian, signés le 18 mars 1962 et qui aboutirent à la mise en œuvre du cessez-le-feu le lendemain, pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962) en raison des violences qui se poursuivirent jusqu’à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962 et se conclurent par l’exode de centaines de milliers d’entre eux vers la France. « Nous contestons depuis longtemps cette date choisie parce que cette date, qui a été imposée comme la fin de la guerre d’Algérie, n’a pas été la fin de la guerre d’Algérie, car il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés », a déclaré sur France Inter la candidate RN. « S’il s’agit de réconcilier les mémoires en se flagellant devant l’Algérie qui ne cesse de réclamer des actes de repentance, moi en ce qui me concerne ce sera non », a ajouté la candidate d’extrême droite, « sauf si l’Algérie demande elle-même pardon aux harkis sur la manière dont ils se sont comportés à leur égard ». Pour Marine Le Pen, les harkis, ces algériens ayant combattu dans l’armée française, « ont été particulièrement maltraités par le gouvernement de l’époque » et « on doit avoir à (leur) égard une très vive reconnaissance », ce sont « des gens qui ont choisi la France, qui sont français pas seulement par leur identité mais par le sang versé ». Le président Emmanuel Macron doit de son côté présider une cérémonie aujourd’hui à l’Élysée pour le 60e anniversaire des accords d’Évian et du cessez-le-feu en Algérie avec un souci « d’apaisement » des mémoires et de « main tendue » à l’Algérie. « Le 19 mars est une étape sur ce chemin de mémoire mais ce n’en est pas le terme », a insisté la présidence. Le Parlement a par ailleurs définitivement adopté en février, par un ultime vote très large du Sénat, un projet de loi pour demander « pardon » aux harkis, qui ouvre la voie à une indemnisation pour certaines familles. Des maires de communes RN ou proches du RN ont débaptisé leurs rues «19 mars 1962 ». Les commémorations du 19 mars qui ont lieu durant la campagne présidentielle offre ainsi l’opportunité aux candidats de droite de tenter d’amadouer un électorat qui, pensent-ils, pourrait peser dans la balance. Et si l’intérêt de Marine Le Pen pour ce dossier est ancienne, celui d’Emmanuel Macron a de quoi paraitre suspect surtout alors qu’il n’avait pas hésité, cinq ans auparavant lors de sa première campagne présidentielle, à proclamer alors que la colonisation de l’Algérie était un crime contre l’humanité. Entre temps Macron semble avoir changé son fusil d’épaule et n’hésite plus alors à flatter depuis quelques mois les pieds-noirs et les harkis s’alignant sur les positions de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour dans ce dossier.