Le prix du pétrole ne cesse d’augmenter ces derniers jours, dans un contexte d’escalade des tensions géopolitiques en Ukraine et en Russie, laissant toujours planer un risque sur l’approvisionnement en brut. Avec un baril à 90 dollars, du jamais-vu depuis plus de sept ans, les conditions semblent réunies pour une poursuite de l’envolée du cours de l’or noir. Certains analystes, notamment, Mike Wirth, président directeur général du groupe pétrolier américain Chevron prédisent qu’il pourrait rapidement dépasser les 100 dollars.
La reprise de la demande mondiale et les tensions géopolitiques pourraient porter les cours du baril de pétrole au-dessus de 100 dollars dans les prochains mois, a estimé Mike Wirth. Le patron de la compagnie américaine s’est exprimé à des médias locaux sur les perspectives du marché pétrolier, notamment sur la question de la possibilité de voir les prix du brut atteindraient les 100 dollars le baril. «Pourrions-nous voir du pétrole à 100 dollars ? Je pense que nous pourrions. Nous n’en sommes pas loin en ce moment. Cela dépend en grande partie de choses qui sont difficiles de prédire et qui pourraient se produire dans le monde», a-t-il estimé. Le P-DG de Chevron a souligné, dans le contexte, que «les préoccupations géopolitiques telles que celles liées à la Russie et à l’Ukraine créent une fois de plus de la nervosité sur les marchés des matières premières». Il a affirmé également que «la demande de pétrole croît plus vite que la production, alors que le monde est désormais en phase de convalescence après la crise du coronavirus». Vendredi, les cours du pétrole ont terminé en légère hausse, signant leur sixième semaine de progression consécutive. Le Brent de mer du Nord a avancé de 0,77% terminant à 90,03 dollars (contrat de mars). Quant au baril de brut léger américain WTI, il a gagné 0,2% à 86,82 dollars pour le contrat à terme de mars sur le Nymex, et a signé une hausse de 2% sur la semaine. Les cours du pétrole évoluent à leur plus haut niveau depuis plus de 7 ans. Depuis le début de l’année, ils ont grimpé d’environ 15%, et ont bondi de plus de 65% depuis un an. Dans son dernier rapport, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu hier ses prévisions de hausse de la demande mondiale de brut pour cette année, la jugeant «robuste» sur fond de reprise économique, en dépit des risques liés à l’évolution de la pandémie du Covid-19. Sa prévision de la demande a ainsi été maintenue pour 2022, avec un rebond attendu de 4,2 millions de barils par jour (mb/j) pour atteindre 100,8 millions, a indiqué l’Opep. «Même si l’impact du variant Omicron devrait être léger et de courte durée, des incertitudes demeurent concernant de nouveaux variants ou de nouvelles restrictions de la mobilité, alors que la reprise économique mondiale est par ailleurs régulière», note toutefois l’Organisation. Mais elle réaffirme plutôt son optimisme. Dans un article consacré aux politiques monétaires, l’Opep conclut à une prévision de la demande «robuste» et estime que «le marché pétrolier devrait rester bien soutenu tout au long de 2022». Cette vision confortera les dirigeants de l’Opep et de ses partenaires au sein de l’Opep+, qui avaient une nouvelle fois décidé début janvier d’augmenter leur production, pour le septième mois consécutif, afin de répondre à la demande de pétrole. La semaine prochaine, les investisseurs vont aussi tourner leur regard vers la prochaine réunion de l’Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires), prévue mercredi. Elle «ne devrait pas ébranler les marchés, avec une nouvelle augmentation de 400.000 barils par jour pour mars déjà bien signalée», affirme Han Tan, analyste chez Exinity.
Meriem Benchaouia