Les prix du pétrole évoluaient sans tendance forte hier, pris entre les craintes de récession mondiale et les attentes d’une reprise de la demande chinoise après la levée des restrictions sanitaires. Dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars perdait 0,02 % à 88,17 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, montait quant à lui de 0,02 % à 81,64 dollars. «Bien que l’état de l’économie mondiale suscite quelques inquiétudes, le marché est globalement optimiste quant à la situation de la demande», expliquent les analystes. Une reprise de la demande mondiale de brut est en effet attendue par les investisseurs, la Chine, premier pays importateur de brut au monde, ayant abandonné les derniers vestiges de sa très stricte politique sanitaire du zéro-Covid. Mais pour l’instant, «l’écart entre la mobilité actuelle et celle d’avant la pandémie est relativement important», affirme Stephen Innes, analyste chez SPI. D’autant que le pays fait toujours face à une nouvelle vague de contaminations au Covid-19 après le retrait des mesures sanitaires. Cet écart devrait se réduire à mesure que les tendances économiques en Chine évolueront favorablement, explique M. Innes. Le marché reste également attentif à l’offre de pétrole, avec l’entrée en vigueur imminente de l’embargo européen sur les livraisons de produits raffinés en provenance de Russie, et d’un prix plafond sur ces produits par les pays du G7, en complément de celui imposé sur le brut. De quoi mettre encore davantage le marché sous pression. Si l’hypothèse qu’une partie de la production russe diminuera suite aux sanctions occidentales fait consensus chez les analystes, le débat reste de savoir dans quelle mesure. «Et, bien sûr, on ne peut jamais exclure totalement une réponse géopolitique russe», poursuit M. Innes. Pour rappel, les pays de l’Opep ont augmenté en décembre leur production de 91 000 barils par jour par rapport à novembre, pour atteindre un total de 28,97 millions de barils par jour. L’Organisation a déclaré, dans son rapport mensuel publié il y a quelques jours, que la production de ses membres était passée à 28,971 millions de barils par jour, au cours du mois dernier, contre 28,879 millions de barils par jour en novembre. Selon le rapport, six pays, le Nigeria en tête, ont augmenté leur production de 91 000, portant sa production à 1,267 million de barils. La production saoudienne – premier exportateur mondial de pétrole – est passée à 10,478 millions de barils par jour, contre 10,474 millions de barils par jour en novembre. L’Angola a augmenté sa production de 42 000 barils par jour, le Venezuela de 13 000, la Libye de 17 000 et l’Iran de
9 000. D’autre part, sept pays ont réduit leur production : le Koweït de 35 000 barils par jour et l’Irak de 4 000 barils par jour. Les EAU ont réduit leur production de 9 000 barils par jour, le Gabon de 6 000, le Congo de
18 000, l’Algérie de 11 000 et la Guinée équatoriale de 1 000 barils par jour. L’Opep prévoit, par ailleurs, une performance meilleure qu’escompté de l’activité économique chinoise après la levée des restrictions anti-Covid, justifiant de réviser, mais de façon mineure, la prévision de croissance de demande de pétrole. Cependant, la situation devrait à l’inverse se détériorer dans les autres régions, faisant baisser la demande de pétrole. «Cette prévision demeure sujette à des incertitudes, liées à la marche de l’économie mondiale, aux évolutions des mesures de lutte contre le Covid-19 et aux tensions géopolitiques», souligne l’Organisation dans son rapport de janvier. «Même si le rythme de la croissance devrait se poursuivre durant l’année 2023, l’économie mondiale continue à naviguer entre de nombreux défis, l’inflation élevée, le resserrement monétaire des principales banques centrales et les niveaux élevés de dette souveraine dans plusieurs régions», ajoute l’Opep qui table sur 2,5 % de croissance économique mondiale, après 3 % attendu pour 2022. Pour 2022, l’Opep estime que la demande de pétrole a augmenté de 2,5 mb/j, une hausse tirée par les pays hors OCDE.
Meriem Benchaouia