Les prix du pétrole baissaient hier en cours d’échanges européens, toujours pénalisés par une demande incertaine alors que la planète peine à juguler la pandémie de nouveau coronavirus.
Par Salem K.
Dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 39,48 dollars à Londres, en baisse de 0,88 % par rapport à la clôture de vendredi.
A New York, le baril américain de WTI pour octobre perdait 0,88 % également, à 37,00 dollars.
La semaine dernière, les deux barils ont perdu plus de 6 %.
Le pétrole avait cependant entamé la séance d’hier en hausse, mais «le futur est en train de devenir plus incertain qu’avant», a commenté Tamas Varga, analyste pour PVM.
«Les taux d’infection sont à nouveau en hausse, des mesures de confinement localisées introduites dans un nombre croissant de pays entravent la croissance économique et le nombre de chômeurs ne parvient pas à diminuer de manière significative», a-t-il détaillé.
La France a vu le nombre de cas quotidien de Covid-19 franchir la barre des 10 000 samedi, un seuil record depuis le lancement des tests à grande échelle dans le pays. Et en Autriche, le chancelier a déclaré que le pays était entré dans «la seconde vague».De plus, «l’annonce que le blocus des terminaux d’exportation de pétrole libyens pourrait bientôt prendre fin est une autre mauvaise nouvelle que l’Opep+ devra discuter lors de sa réunion de suivi de l’accord prévue jeudi», a ajouté Jeffrey Halley, analyste pour Oanda.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, sont engagés dans des efforts inédits pour limiter leur production et tenter de faire remonter les prix. Avec une réussite en demi-teinte pour l’instant.
Comme le souligne Eugen Weinberg, analyste pour Commerzbank, le cartel, qui fête ses 60 ans ce lundi, a gagné des membres au fil du temps mais a perdu en parts de marché, notamment au profit des Américains.
Et «après des mois de renoncement volontaire à des recettes supplémentaires, les problèmes deviennent de plus en plus visibles compte tenu des difficultés financières et économiques considérables auxquelles sont confrontés les pays participants et compte tenu des perspectives (de demande) incertaines», a-t-il expliqué en soulignant que certains observateurs pensent que les Emirats arabes unis, pourtant «très disciplinés» jusqu’à maintenant, pourraient relâcher leurs efforts.
La publication hier du rapport annuel du géant pétrolier BP sur la demande de pétrole dans le monde n’a rien fait non plus pour redynamiser les cours de l’or noir : ce bilan estime que la consommation mondiale pourrait avoir déjà atteint son pic et ne plus cesser de décliner en raison des conséquences de la pandémie et de la transition énergétique.
Pour BP, la demande pour le secteur des transports en particulier est vouée à reculer, en raison de la baisse du nombre de déplacements à court terme à cause de la pandémie et de l’essor des véhicules électriques sur le long terme.
Selon BP : la demande de pétrole mondiale pourrait déjà avoir atteint son pic
La demande de pétrole dans le monde pourrait avoir déjà atteint son pic et ne plus cesser de décliner en raison des conséquences de la pandémie et de la transition énergétique, estime hier le géant britannique des hydrocarbures British Petroleum (BP).
Le groupe envisage trois scénarios sur la transition vers une énergie plus verte à échéance 2050, de la plus lente et la plus rapide.
Dans les deux scénarios les plus optimistes, la demande de pétrole a même déjà passé son pic et ne se relèvera jamais de la chute causée par la crise sanitaire.
Si la transition énergétique se poursuit au même rythme que celui actuellement observé, le scénario le plus conservateur, la consommation d’or noir atteindra un plateau dans les années qui viennent, précise le rapport.
Pour BP, la demande pour le seul secteur des transports ne fera que reculer quel que soit le scénario, en raison de la baisse du nombre de déplacements à court terme en raison de la pandémie et de l’essor des véhicules électriques sur le long terme.
Au-delà du pétrole, le géant pétrolier estime que le gaz fera preuve de résistance dans les 30 prochaines années, notamment en permettant de se substituer au très polluant charbon dans les économies émergentes.
Les énergies renouvelables seront celles qui bénéficieront de la plus forte croissance dans le monde dans n’importe quel scénario, notamment le solaire et l’éolien.
Mais BP prévient que la transition énergétique ne pourra avoir lieu que si de nouvelles mesures sont prises par les gouvernements pour limiter les émissions de CO2.
«Même si la pandémie a beaucoup réduit les émissions carbone, le monde reste sur un chemin qui n’est pas tenable», assure BP.
«Toutefois, avec des mesures politiques déterminantes et davantage de choix d’énergie à bas carbone pour les entreprises et les consommateurs, la transition énergétique est possible», souligne Bernard Looney, directeur général de BP.
Il précise que les conclusions du rapport «ont joué un rôle clé» dans l’élaboration de la nouvelle stratégie du groupe qui entend verdir ses activités et devenir un groupe énergétique et non plus seulement pétrolier.
BP veut multiplier par 10 ses investissements dans les énergies à faible émission carbone d’ici à 2030, pour atteindre 5 milliards de dollars par an, afin de respecter ses engagements à devenir neutre en carbone d’ici à 2050.
Il a notamment annoncé la semaine dernière son entrée sur le marché de l’éolien en mer, en investissant un milliard de dollars dans des projets portés par le groupe norvégien Equinor aux Etats-Unis.