En plus du programme de rationnement d’eau qui n’est pas respecté, la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (SEAAL), sans prévenir, pénalise de nombreuses communes de la capitale en les privant d’eau potable pendant des jours et ce, en assumant une communication en total porte-à-faux avec la pénible réalité qu’endure le citoyen.
Par Thinhinene Khouchi
«Aucune coupure pour cette commune», telle est l’information que donne la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger sur son site «Info trav’eau» pour les communes de Ain Benian, Zéralda, Tessala El Merdja, Staoueli, Souidania, Rouiba, Reghaia, Rais Hamidou, Mehalma, El Biar, Baraki, Djasr Kassentina, Bab Ezzouar, Bachdjerrah, Ben Aknoun, Beni Messous, Alger-Centre et autres, qui souffrent de coupures d’eau des jours durant. Ce constat confirme le grand fossé qui existe entre les informations avancées par la SEAAL et la réalité vécue par le citoyen. A Staoueli, les habitants ne parlent que de ce problème dès les premières heures de la journée. «Tu as de l’eau potable toi ?», demande un homme, la soixantaine passée, au commerçant de son quartier, qui lui répondra : «Non, depuis maintenant plus de quatre jours pas une goutte d’eau n’a coulé du robinet». Même cas à Ain Benian, où l’eau ne coule plus depuis mardi dernier. Pour Mohand, «on demande à la SEAAL de respecter son programme de rationnement d’eau dans la capitale, pas plus. Ils ont dit que notre commune sera alimentée de 8h à 14h, un jour sur deux, malheureusement la société peine a respecter son engagement». «Cela fait maintenant une semaine que nous n’avons pas d’eau, on a épuisé toutes nos réserves. Ils mettent notre patience à rude épreuve avec leur silence et leur mépris», a-t-il ajouté. En outre, au niveau de la commune de Gué de Constantine, «on a tellement diminué la pression, que l’eau n’arrive même plus aux habitants du troisième étage», nous confie un père de famille habitant une cité de cette commune. Même problème pour les communes de l’est de la capitale qui dénoncent une diminution de la pression qui a affecté l’approvisionnement en eau potable des appartements situés dans les étages supérieurs des immeubles et cela à partir du deuxième étage. Selon un habitant de Kouba, «la SEAAL a réduit la durée d’alimentation. Au lieu d’avoir de l’eau de 8h00 à 14h, on se retrouve avec une demi-heure seulement un jour sur trois». Pour cette commune, la SEAAL indique sur son site que «cette perturbation est due à des travaux d’urgence suite à un incident sur une station d’eau potable et ce, depuis le 11 août». A Alger-Centre, où l’alimentation en eau devrait avoir lieu quotidiennement de 8h00 a 14h00, «le robinet ne coule qu’une heure par jour, de 8h à 9h du matin», nous confie Malika qui habite le Télemly, précisant : «Ce n’est plus possible. Avec les températures caniculaires d’un côté et le risque de contamination par le coronavirus de l’autre, s’y ajoute la crise de l’eau ! On n’arrive plus à voir le bout du tunnel». «Sur son site, la SEAAL indique que pour la commune d’Alger-Centre aucune perturbation n’est signalée. Alors pourquoi n’y a-t-il pas d’eau ?», a-t-elle ajouté. A cette question que tous les habitants de la capitale se posent, la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger se contente de répéter la même explication : «Niveau bas du réservoir» ou «un incident survenu sur les installations de pompage» au niveau d’un des barrages. Le wali d’Alger, Youcef Cherfa, avait indiqué, dans une déclaration à la presse concernant les perturbations de l’alimentation en eau que connaît la capitale : «Tout le monde est mobilisé pour l’application du programme et nous demandons aux citoyens de faire preuve de compréhension à l’égard de cette situation due à la baisse des niveaux des barrages, résultant de la sécheresse que vit le pays depuis plus de 3 années». Tout en assurant que la situation est «conjoncturelle», Cherfa avait ajouté : «Nous affirmons avec conviction que cette situation se stabilisera à partir de juillet, août et septembre, et nous entrerons, par la suite, dans une stabilité durable en termes d’alimentation en eau potable».
T. K.