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vendredi 22 septembre 2023

Pénuries

Tout au long du processus du Brexit, l’Union européenne ne cessait, telle Cassandre, d’annoncer aux Britanniques tous les inconvénients et problèmes que le Royaume-Uni connaîtrait s’ils allaient au bout de leur intention de quitter les institutions européennes. Et si au final les Britanniques s’en sortent mieux que prévu, ils connaissent aujourd’hui quelques problèmes de taille qui pourrissent le quotidien de la population. Le Premier ministre Boris Johnson a ainsi répété samedi sa détermination à «reconstruire en mieux» après le Brexit, malgré une crise des approvisionnements au Royaume-Uni exacerbée par la sortie du pays de l’UE. «Nous n’avons pas enduré le Covid pour revenir à la situation qui prévalait avant», a déclaré le dirigeant avant le début, hier, de la conférence annuelle de son Parti conservateur à Manchester (nord-ouest de l’Angleterre). Soulignant que son gouvernement avait tenu sa promesse de campagne en réalisant le Brexit et qu’il avait vacciné massivement contre le Covid-19, il a assuré vouloir prendre des «décisions audacieuses» pour répondre aux priorités des Britanniques, comme l’emploi, la sécurité et le changement climatique. «Tout ceci montre que nous tenons parole, et il est maintenant temps d’aller plus loin, non seulement pour se remettre mais aussi reconstruire en mieux», a-t-il ajouté. Se tenant cette semaine, la grande conférence annuelle des tories, la première en personne depuis deux ans en raison du coronavirus, représente une occasion pour le leader conservateur de s’exprimer devant ses troupes. Son discours est prévu mercredi. Arrivé au pouvoir en juillet 2019, vainqueur des élections générales organisées quelques mois plus tard sur la promesse de «réaliser le Brexit», Boris Johnson, 57 ans, doit à présent convaincre les Britanniques des bienfaits de la sortie de l’UE qu’il a tant vantés. Il est actuellement confronté à de multiples crises, comme la hausse du prix du gaz et des pénuries dans les supermarchés et les stations-service, dues à un manque de chauffeurs routiers. Il attribue cette situation à la reprise sur les chapeaux de roue de l’économie mondiale après la pandémie, et à une demande exceptionnelle causée par des achats de panique dans les stations d’essence. Mais les conséquences de la pandémie sont aussi aggravées par le Brexit. Pour tenter de remédier au manque de chauffeurs routiers et de personnel dans les élevages de volailles, et face à la menace de rayons vides à Noël, le gouvernement a assoupli temporairement sa politique d’immigration pour accorder jusqu’à 10 500 visas de travail provisoires. Il a aussi annoncé vendredi qu’environ 200 militaires seraient déployés dès aujourd’hui pour approvisionner les stations-service, devant lesquelles de longues files d’attente se forment depuis deux semaines. Un responsable de la Petrol Retailers Association (PRA), Brian Madderson, a indiqué samedi sur la BBC que les pénuries de carburants restaient «vraiment très problématiques» à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre. Il était ainsi évident que le Premier ministre britannique n’allait pas se lamenter sur la situation que traverse son pays et encore moins remettre en cause la sortie de l’UE pour laquelle il a fait campagne des années durant. Reste à voir dans les jours et semaines à venir s’il s’avère qu’il a raison et si la situation rentrera dans l’ordre, ou si les pénuries de carburant et de main-d’œuvre ne sont que le début d’une mauvaise passe pour le Royaume-Uni qui ne peut aujourd’hui compter que sur lui-même et éventuellement sur l’historique allié américain.

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