Le tabagisme est la cause de 80 % des cas de cancer du poumon en Algérie, a indiqué, hier, le Professeur Abdelbasset Ketfi, chef de service pneumologie à l’hôpital de Rouiba, Alger, citant la cigarette mais aussi la chicha.
Les chiffres sont inquiétants. En Algérie, près de 3 000 nouveaux cas de cancer du poumon sont enregistrés annuellement. L’une des plus dangereuses formes du cancer en Algérie et dans le monde.
Le tabagisme reste le premier pollueur des poumons et la principale cause de cette pathologie mortelle. Il est devenu une épidémie en pleine expansion en Algérie. «80 % des cancers du poumon sont provoqués par le tabac», a relevé le Professeur Ketfi sur les ondes de Radio Sétif, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac. Il a expliqué que «ces cancers mortels ne présentent aucun symptôme et seulement moins de 20 % de patients survivent après la chirurgie, mais ne vivent pas plus de cinq ans». Il a ajouté que
«300 000 citoyens sont infectés par des maladies respiratoires, dont 16 % sont des fumeurs», précisant que «la cigarette contient 7 000 produits chimiques, dont 70 cancérigènes».
Le Professeur Ketfi a relevé que «le pourcentage de fumeurs en Algérie, selon la dernière étude du ministère de la Santé et de l’Organisation mondiale de la santé, a atteint 16,5 %, dont un tiers sont des hommes et 0,4 % de femmes. Quant aux accros à la chicha, leur nombre est estimé à 4 %». Dans le même contexte, le Professeur Abdelbasset Ketfi a indiqué que le pourcentage des fumeurs en Algérie a connu une baisse, en raison de l’augmentation des prix de la cigarette et grâce à l’intensification des campagnes de sensibilisation. Mais «le recul du pourcentage des fumeurs reste tout de même insignifiant», a-t-il indiqué.
C’est pourquoi, le chef de service de pneumologie qui a mis en exergue l’intérêt de la prévention, a appelé le gouvernement à renforcer les moyens de lutte antitabac et à prendre des mesures urgentes, telles que l’augmentation des prix du paquet de cigarettes et à l’application des lois interdisant de fumer, notamment dans les lieux publics.Le Professeur a mis en garde également contre les dangers de la chicha, devenue de nos jours un phénomène de société très dangereux. Selon lui, les accros à la chicha sont menacés, après quelques années de dépendance, de cancer de l’estomac, cancer du système urinaire, de maladie cardiaque, d’impuissance sexuelle et de vieillesse. Par ailleurs, lors de son intervention, l’intervenant a révélé également que «les études effectuées cette année confirment que 60 % des Algériens ont tenté d’arrêter de fumer à travers 54 centres spécialisés de traitement et d’accompagnement des toxicomanes».Le cancer du poumon est une maladie mortelle et la prévention est plus que recommandée, car elle peut sauver des milliers de vies humaines. Et la meilleure prévention contre le cancer du poumon reste, en premier lieu, la lutte contre le tabagisme.
Louisa Ait Ramdane