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vendredi 29 mars 2024

Participation de l’ANP au maintien de la paix: Une évolution dictée par le contexte géopolitique

La nouvelle Constitution initiée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, prévoit d’autoriser la participation de l’Armée algérienne aux efforts de maintien de paix à l’étranger, marquant ainsi une évolution dictée par la nécessité de s’adapter au contexte géopolitique. L’article 91 du projet de révision de la Constitution qui sera soumis au référendum le 1er novembre prochain, consacre le président de la République comme «chef suprême des Forces armées de la République» et «responsable de la défense nationale», soulignant qu’il «décide de l’envoi des unités de l’Armée nationale populaire à l’étranger». Cependant, bien que le projet propose d’autoriser l’envoi de soldats à l’étranger, il pose aussi des conditions et détermine le cadre de participation des forces militaires algériennes en dehors des frontières. Même si l’article 91 confère expressément au chef de l’Etat le pouvoir d’envoyer des unités de l’armée à l’étranger, il subordonne cette décision à l’«approbation à la majorité des deux tiers du Parlement». La décision d’engager des unités de l’Armée dans des opérations à l’extérieur du pays doit s’appuyer, selon le projet d’amendement de la Constitution, sur la volonté populaire, incarnée par le Parlement. Selon la nouvelle Constitution, «l’Algérie peut, dans le cadre des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, et dans le respect de leurs principes et objectifs, participer au maintien de la paix». Le réajustement de la doctrine militaire algérienne, contenu dans le projet de révision de la Constitution, a soulevé moult interrogations et divisé la classe politique algérienne, faisant craindre chez certains une remise en cause des principes fondamentaux autour desquels s’organise la politique étrangère de l’Algérie. En effet, l’ANP n’a participé à aucun conflit à l’étranger depuis les guerres israélo-arabes de 1967 et 1973. Pas de changement de doctrine Le possible déploiement de troupes de l’ANP en dehors des frontières nationales «ne remet nullement en cause» la doctrine de non ingérence de l’Algérie dans les affaires internes des Etats», a soutenu le président du Comité d’experts chargé de la révision constitutionnelle, Ahmed Laraba. «Le fait que l’Algérie puisse participer à ces opérations ne signifie pas qu’elle a rompu avec son principe fondamental de non-ingérence dans les affaires internes des Etats», avait-il indiqué, précisant que «la disposition en question (Art 31) vise à donner la possibilité pour le président de la République d’envoyer des troupes dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations unies (casques bleus) et uniquement dans ce cadre». De son côté, l’ANP a jugé la proposition de sa participation aux opérations de maintien de la paix «pleinement conforme» à la politique étrangère de l’Algérie qui repose sur des principes «fermes et immuables», à savoir «le rejet du recours à la guerre et prône la paix, la non-ingérence dans les affaires internes des Etats ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par des voies pacifiques, conformément à la légalité internationale représentée par les instances internationales et régionales». Dans un éditorial de la revue «El Djeïch», l’institution militaire avait observé que «si la participation aux opérations de maintien de la paix et de préservation de la sécurité n’est pas un fait nouveau pour notre pays, elle est de nature à contribuer à l’instauration de la paix et de la sécurité, particulièrement sur le continent africain, théâtre du plus grand nombre de conflits dans le monde et du déploiement, également, du plus grand nombre de missions de maintien de la paix des Nations unies et de l’Union africaine, dans des pays minés par les conflits et les guerres». Forte de près de 500 000 hommes, l’ANP a les moyens de son ambition. La révision de la Constitution survient, donc, dans un contexte régional tendu, marqué par le conflit en Libye et l’instabilité politique au Mali ainsi que par la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du Sahel. L’Algérie s’inquiète, en effet, des risques d’instabilité au Sahel et est profondément impliquée dans la sécurité de cette région dont dépend sa propre sécurité.

K. L.

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