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jeudi 18 avril 2024

Partenariat public-privé: Valoriser les compétences locales

L’expert et professeur émérite canadien en sciences économiques, Marcel Boyer, a préconisé, lors d’une visioconférence ayant pour thème «Défis et embûches dans l’évaluation du partenariat public privé (PPP)», une bonne évaluation des projets, notamment en termes de risques, la valorisation des compétences locales ainsi qu’une bonne gestion des contrats afin de réussir l’expérience algérienne dans ce mode d’investissement.

Par Samia Y.

Au cours de la visioconférence organisée par le Conseil national économique, social et environnemental (Cnese) au niveau de son siège, M. Boyer a résumé les problèmes que pourraient rencontrer les projets montés dans le cadre des PPP en s’inspirant de l’expérience canadienne dans le domaine, en sa qualité d’ancien membre du conseil d’administration de l’Agence chargée du PPP du Québec.
Ainsi, l’expert canadien a expliqué qu’il était impératif de définir un certain nombre de critères afin de réaliser «un bon équilibre entre le choix des objectifs et celui des moyens déployés pour les atteindre», à travers le lancement d’un projet quelconque.
M. Boyer a mis l’accent sur le rôle-clé du choix des compétences, de préférence locales, qui seront amenées à concrétiser les projets et les gérer, tout en définissant de manière judicieuse et claire les responsabilités de chaque partie, notamment dans les contrats et les engagements qui doivent anticiper et prévoir tous les scénarios qui pourraient intervenir et entraver le bon déroulement des projets. A ce titre, le professeur universitaire canadien a évoqué la renégociation des contrats qui n’est pas «propre», selon lui, aux PPP et qui intervient même dans les modes conventionnels d’investissement (totalement gouvernemental), expliquant que les contrats doivent inclure impérativement «les clauses de renégociation, les engagements de performance et de reddition finale et la rémunération selon la qualité du projet livré». Concernant les risques que comportent les PPP, M. Boyer a estimé qu’il est nécessaire de les répartir entre le partenaire public et privé, selon leur degré de responsabilité, spécifiant que tout projet comporte des risques mais l’essentiel est de bien les évaluer pour éviter de compromettre le projet et sa rentabilité.

Plus de prérogatives pour la Cned et une structure financière spécialisée dans le PPP
Réagissant à l’exposé de M. Boyer, l’expert du Cnese, Naceur Bourenane, a estimé que l’Algérie a une expérience significative en termes de PPP qui remonte à plusieurs années, sauf qu’il déplore qu’un état des lieux systématique n’ait pas été établi pour tirer des enseignements sur ce qui est positif et ce qui est négatif dans la manière adoptée par le passé dans ce genre de partenariats.
L’expert du Cnese a précisé qu’il fallait se pencher non seulement sur le volet contractuel des PPP réalisés en Algérie auparavant, mais aussi sur le volet mission assignée aux uns et aux autres, citant l’exemple de la gestion de l’eau confiée à une entreprise ayant une expérience avérée sur le plan international et dans son propre pays.
M. Bourenane a cité un autre exemple, celui de la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, en estimant que le coût du kilomètre carré en Algérie, comparé à ce qui se fait sur le plan régional ou international, trop élevé selon lui, amène à se poser des questions sur l’approche adoptée à l’époque du lancement de ce projet, regrettant que des «partenaires solides» étaient prêts à entrer dans un PPP à travers des concessions sous forme de BOT (construite, opérer et transférer), mais que l’option retenue à la fin était un PPP pour la réalisation seulement. Commentant la pertinence de créer une agence du PPP en Algérie, M. Bourenane a souligné qu’il y avait une structure qui existe en Algérie, en l’occurrence la Caisse nationale
d’équipement pour le développement (Cned), qui s’occupe du PPP et «dont il faut renforcer le rôle et peut-être même, revoir les missions», a-t-il suggéré, «en la dotant de moyens institutionnels et en définissant ses prérogatives». M. Bourenane a donné, dans ce sens, l’exemple de l’agence du PPP au Chili qui compte 400 employés. Dans d’autres pays, d’autres formules ont été choisies selon les spécificités de chaque pays, a-t-il soutenu, ajoutant que l’agence en charge du PPP devra encadrer, réfléchir et anticiper en développant un certain nombre d’outils, notamment en matière d’élaboration de contrats. Concernant l’aspect financement, M. Bourenane a préconisé la création d’une structure financière spécialisée qui s’occupera uniquement du financement des infrastructures dans le cadre des PPP et qui réfléchira non seulement sur l’investissement, mais aussi sur la rentabilité de cet investissement sur le court, moyen et long terme.
S. Y.

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