Malgré les assurances des responsables quant à la gratuité des plages autorisées à la baignade, la réalité est tout autre. En effet, les estivants sont confrontés aux mafieux des plages (parkingueurs et loueurs de tables, chaises et parasols) qui squattent chaque centimètre carré des plages et fixent des prix exagérés.
Par Thinhinane Khouchi
Comme chaque année, la question de la gratuité des plages se pose avec acuité. Si au début de la saison estivale, le ministre du Tourisme a insisté sur la gratuité d’accès aux plages, la réalité est amère. En effet, après deux ans de fermeture, les espaces de baignade ont été réappropriés par les estivants mais pas seulement, car même les «parkingeurs», loueurs de chaises et de parasols sont revenus en force pour squatter les plages. Leurs vieilles habitudes sont de mise, puisqu’ils continuent de dicter leur loi et leurs prix. Face à cette «hogra», Il n’est pas rare que des altercations opposent ces mafieux à des estivants réfractaires à tous ces dépassements. Au niveau de plusieurs plages autorisées à la baignade, les mafieux des plages s’approprient les meilleurs espaces et installent, dès les premières heures de la journée, leurs tables, chaises, parasols, obligeant les estivants à planter leurs parasols loin de la mer. Pour Mouloud, un père de famille rencontré à Ain Benian à la plage El Djamila, «on parle de gratuité des plages, mais en réalité je ne le vois pas. Je suis obligé de payer le parking à 150 DA et vu que la moitié de la plage est squattée par les mafieux qui indirectement t’obligent à louer leurs parasols pour avoir accès à la mer à 1 500 DA, je crois qu’on doit parler de l’arnaque des plages et l’insécurité, car certains exploitants improvisés de plage ou de parking sont prêts à tout pour imposer leur loi et pour te faire payer le prix qu’ils veulent». Cerise sur le gâteau, «cette année, les prix sont encore plus élevés que les années précédentes. Ils veulent rattraper le retard des deux dernières années où les plages étaient fermées», dénonce Mehdi, un père de famille qui a vu sa journée de détente gâchée après s’être accroché avec d’abord le parkingeur qui l’a racketté de 200 DA, alors qu’il ne dispose même pas de ticket. Dans une des plages de la wilaya de Boumerdès, nous raconte Salim, père de trois enfants, «tu peux facilement voir ta journée gâchée par ces arnaqueurs», ajoutant que ce week-end après avoir cédé 250 DA au parkingeur, il a été surpris de ne trouver aucune place sur le sable, vu que des parasols étaient installés préalablement par les loueurs. «Ils ont pris les meilleures places. Les places de devant étaient réservées à leurs parasols. Quand on a des enfants, on doit être proches afin de pouvoir les surveiller», a-t-il indiqué. Finalement, ce père de famille a cédé encore 800 DA pour le parasol et s’est embrouillé avec le loueur. Il est à noter que d’une plage à l’autre, le prix du parkings va de 100 à 500 DA dans certains endroits. Les parasols sont «loués» entre 700 et 1 000 dinars. Les chaises à 300 DA. Les tables avec parasol et quatre chaises sont louées entre 2 000 et 3 500 DA. «Ce sont les prix d’une plage privée», s’indigne de son côté Meriem, une mère de famille qui a déboursé plus de 3 500 DA pour une journée à la plage. Par ailleurs, ces pratiques illégales sont aussi appliquées depuis quelques années aux niveaux des plages interdites à la baignade, où de simples passages sont transformés en «parking», et l’estivant est obligé de payer plus de 150 DA au risque de ne pas retrouver sa voiture ou de la trouver dans un état critique.
T. K.