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jeudi 28 mars 2024

Parias

Les relations autrefois particulièrement solides entre Washington et Riyad ont connu ces dernières années des hauts et des bas. L’Arabie saoudite dont le régime est en guerre depuis plusieurs années maintenant avec le Yémen et qui est accusée d’avoir assassiné un opposant politique de manière particulièrement brutale, n’est en effet plus dans les petits papiers des Américains qui au-delà des intérêts économiques communs veulent aussi affirmer leur supposée supériorité morale. Le puissant chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain a ainsi menacé, lundi, de bloquer toute future vente d’armes à l’Arabie saoudite, qu’il accuse désormais de faire le jeu du Kremlin en réduisant sa production de pétrole. «Je me dois de dénoncer la décision récente du gouvernement d’Arabie saoudite de contribuer à soutenir la guerre de Poutine par le biais du cartel de l’Opep», a déclaré le sénateur américain Bob Menendez dans un communiqué. Cette alliance regroupe les 13 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont les Émirats, menée par l’Arabie saoudite, et dix autres pays conduits par Moscou. Lors d’une réunion la semaine dernière, ce groupe a décidé de réduire drastiquement sa production de brut, ce qui a dopé les cours. En refusant d’ouvrir largement les vannes de l’or noir, malgré les nombreux appels en ce sens des Occidentaux, l’Opep+ a été accusée par les États-Unis d’aider Moscou, qui a intérêt à soutenir les prix pour financer sa guerre en Ukraine. En guise de riposte, le sénateur démocrate Bob Menendez a appelé les États-Unis à geler immédiatement «tous les aspects de notre coopération avec l’Arabie saoudite, y compris toute vente d’armes». «En tant que chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat, je n’autoriserai aucune coopération avec Riyad tant que le royaume n’aura pas réévalué sa position vis-à-vis de la guerre en Ukraine», a-t-il annoncé. «Ça suffit». La coupe majeure de l’Opep+ est aussi un camouflet diplomatique pour Joe Biden. Le président américain s’était rendu en juillet à Jeddah, en Arabie saoudite, pour une visite officielle qui l’a notamment vu échanger un «fist bump», salut familier poing contre poing, avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, en dépit des critiques des militants des droits humains et surtout de la précédente attitude de son administration envers le souverain arabe. Biden n’hésite pas appeler lui-même désormais à «réévaluer» la relation avec Riyad. Reste à voir jusqu’où ira cet énième retournement envers les Saoudiens qui ont pourtant durant des décennies été les alliés indéfectibles de la Maison-Blanche et qui aujourd’hui sont traités comme des parias. Surtout que certains démocrates n’hésitent pas à verser dans le complotisme en accusant les Saoudiens de «travailler pour que Trump soit réélu et pour que les républicains remportent les élections de mi-mandat».

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