Pendant ces deux années entières auxquelles il faut ajouter un mois, ce janvier 2022, de pandémie au coronavirus, du moins a-t-on appris avec certitude quand une vague a atteint son pic et qu’elle est passée indéniablement sur sa pente descendante : lorsque le nombre des contaminations se met à baisser après avoir cru précédemment jour après jour. De ce basculement on ne s’aperçoit qu’une fois qu’il est advenu, qu’il est relevé par tout le monde, par le profane comme par l’épidémiologiste, ce qui tend à relativiser la compétence de ce dernier. S’il doit en effet attendre comme tout le monde que la vague se retourne d’elle-même pour annoncer qu’elle s’est retournée, on voit mal en quoi consiste son savoir particulier. On peut le dire autrement : ou l’épidémiologie existe, et alors tout le monde est épidémiologiste, ou plus exactement l’est devenu sur le tas au cours de ces deux dernières années, ou elle n’existe pas, et dans ce cas personne ne l’est à proprement parler, à part peut-être ceux qui portent ce titre. Toujours est-il que la troisième vague est désormais sur son déclin, ayant atteint, il y a de cela moins d’une semaine, son pic qui s’est élevé à quelque 2 500 contaminations. La deuxième vague elle a plafonné à moins de 2 000. Un demi-millier de différence entre les deux, ce n’est pas suffisant pour départager leurs causes en termes de dangerosité, le variant Delta pour la deuxième, Omicron pour la troisième.
La deuxième a été plus létale que la troisième, ce qui s’est vérifié partout dans le monde, et ce indépendamment du taux de vaccination. Entre les deux vagues, la vaccination n’a pas progressé de beaucoup en Algérie. On ne peut porter par conséquent à son crédit le fait que la vague Omicron n’ait pas été très mortelle, même si probablement il y aurait eu plus de décès sans elle. Avec à ce jour 6500 décès, et quelque 250 000 infections, on peut dire que l’Algérie a été épargnée comparativement à d’autres pays à travers le monde. Elle se range pourtant parmi les 10 pays les plus touchés sur le continent ; il est vrai, loin derrière l’Afrique du sud, qui à elle seule compte pour près de la moitié du bilan continental dans son ensemble. La Tunisie, un pays dont la population est moins de 12 millions, a enregistré plus de décès que l’Egypte, dont la sienne dépasse les 100 millions. L’Ethiopie, qui est plus peuplée que l’Egypte, et qui en plus est en guerre, certes par sur tout son territoire, mais tout de même, a en la matière des chiffres proches des nôtres. Mais le tableau le plus frappant, c’est le Nigéria, le pays de loin le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 200 millions d’habitants, c’est-à-dire le double de l’Egypte, qui l’offre. Le nombre des décès y est quasiment la moitié du nôtre, avec un nombre des contaminations du même ordre. Nulle part en Afrique le taux de vaccination n’a atteint ceux par exemple des pays européens. A l’évidence, ce n’est ni la vaccination, ni les mesures de distanciation et de confinement, qui puissent expliquer que le continent pour lequel tout le monde, et en premier lieu l’OMC, craignait le pire, s’en soit sorti le mieux au bout du compte. Tant que ce mystère n’a pas été résolu, on ne peut pas dire qu’on ait beaucoup avancé dans la compréhension de la pandémie de Covid-19.