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vendredi 19 avril 2024

Pandémie, l’Afrique protégée par sa jeunesse ?

On a tout invoqué pour expliquer que l’Afrique, le continent pour lequel au début de la pandémie on craignait le pire, soit au bout du compte le moins touché par elle : de la déficience de ses systèmes de santé jusqu’à l’immunité collective, qu’elle aurait déjà atteinte, en passant par sa longue expérience des épidémies, dont au premier chef celle d’Ebola, toujours active d’ailleurs. La première hypothèse, celle du sous-développement des systèmes de santé, peut surprendre en l’espèce, étant en soi plus un facteur aggravant qu’une circonstance atténuante. Seulement ce n’est pas dans cet esprit qu’elle figure ici, mais pour suggérer que les systèmes de santé africains sont tellement sous-équipés que presque tout dans cette affaire s’est déroulé en dehors d’eux, qu’au final ils n’ont eu prise à peu près sur rien. De tous les arguments avancés, celui-là est le plus faible. Il est même à écarter absolument, car là où la médecine ne peut rien, il n’en résulte pas moins de décès en bout de chaîne mais au contraire nettement plus qu’ailleurs. Ce qui à l’évidence n’est pas le cas en Afrique. Il n’y a donc aucune raison de mettre en doute les chiffres rapportés par les différents pays africains, même si, comme ailleurs, ceux-ci ne sont pas exacts. Ils sont le reflet de la réalité en question, ils n’en sont pas la mesure exacte.

Une variante de cet argument semble à première vue plus sérieuse. C’est celle qui met en avant l’insuffisance du dépistage. Il y aurait en fait beaucoup plus de cas rapportés. Ceux qui l’ont été ne sont que ceux qui ont donné lieu à une hospitalisation sous une forme ou sous une autre. Tous les autres, de loin plus nombreux, ont échappé aux radars. C’est précisément ce que les ennemis de l’extérieur et de l’intérieur de l’Algérie ont commencé par dire en voyant que l’épidémie ne la ravageait pas comme ils l’espéraient. Sous cette forme non plus l’argument renvoyant à la carence du système de santé ne tient pas la route. Dans ce cas aussi, en effet, le nombre de décès aurait été plus grand que celui annoncé. Dans aucun pays africain, aussi pauvre qu’il puisse être, on a pu voir ces champs de tombes creusées en train d’être remplies de cercueils par des professionnels en combinaison protectrice. Le pays africain le plus peuplé, le Nigeria, deux fois plus peuplé que l’Egypte, n’a déploré qu’un peu plus de 2 000 décès du fait du Covid-19. Sans l’Afrique du Sud, qui a elle seule a fait état de la moitié du bilan africain, on n’aurait peut-être pas hésité à supposer dès les premiers mois de l’épidémie une immunité collective à l’œuvre dans le continent. Sa situation s’inscrivait dès ce moment en faux contre une telle hypothèse de travail. Il n’en reste pas moins que l’Afrique du Sud mise à part, il n’y a qu’une forme d’immunité collective qui puisse expliquer que le continent considéré au départ comme le plus exposé s’en tire le mieux en fin de compte. C’est ce que tend d’ailleurs à prouver une étude récente menée en Algérie. Dans son genre, elle vient à la suite d’autres menées dans un certain nombre de pays africains. Elles ont en commun de se baser sur des échantillons de donneurs de sang. La particularité de l’étude algérienne, c’est qu’elle conclut à une immunité collective particulièrement élevée par rapport à celles dégagées ici et là en Afrique, puisqu’elle est de l’ordre de 50 %. Il y aurait moyen de les accorder malgré tout, si d’aventure aucune nouvelle étude africaine ne vient la conforter dans le même sens qu’elle. La particularité de la population africaine, c’est que sa moyenne d’âge est de 19 ans seulement. A cet âge, on est naturellement immunisé contre bien des maladies.

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