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samedi 20 avril 2024

Pacifique

Il y a trois ans et demi le mouvement d’ampleur inédite des « gilets jaunes » avait inspiré des dizaines de mouvement similaires autour du globe. Aujourd’hui, c’est le « convoi de la liberté », né au Canada, pour lutter contre les restrictions sanitaires dû à la crise mondiale du covid-19 qui inspire d’autres mouvements similaires à travers la planète. Mais ce mouvement n’est pas, pour le moins, vue d’un bon œil des autorités canadiennes, qui ont émis, ses deux dernières années, parmi les mesures les plus sévères et les plus restrictives pour lutter contre la pandémie. Or, après plusieurs semaines de blocage les autorités canadiennes passent à l’attaque. La contestation anti-mesures sanitaires au Canada qui dure depuis bientôt trois semaines n’a plus rien de « pacifique », a ainsi estimé le premier ministre Justin Trudeau jeudi lors d’une allocution à la Chambre des communes sur la mise en œuvre de la loi sur les mesures d’urgence. « Les blocus illégaux et les occupations ne sont pas des manifestations pacifiques », a-t-il déclaré ajoutant qu’il était temps de « rétablir la confiance dans (les) institutions ». Lundi, en réponse à cette crise nationale, le premier ministre a invoqué le recours à la loi sur les mesures d’urgence pour la deuxième fois dans l’histoire du Canada en temps de paix. Cette disposition, qui permet d’avoir recours à des « mesures extraordinaires », avait été utilisée la dernière fois lors de la crise de 1970 au Québec quand Pierre Elliott Trudeau, le père de l’actuel Premier ministre, dirigeait le Canada. « L’objectif de toutes les mesures, y compris les mesures financières prévues dans la loi sur les mesures d’urgence, est de faire face à la menace actuelle et de maîtriser pleinement la situation », a ajouté Justin Trudeau. « Les blocus et les occupations constituent une menace pour notre économie et nos relations avec nos partenaires commerciaux », a-t-il encore précisé. En réponse aux oppositions qui lui reprochent l’invocation de cette loi, il a redit que « nous n’utilisons pas la loi sur les situations d’urgence pour faire appel à l’armée. Nous ne limitons pas la liberté d’expression des gens. Nous ne limitons pas la liberté de réunion pacifique », a-t-il précisé. Dans une lettre adressée aux premiers ministres des provinces mercredi soir, Justin Trudeau avait estimé que le mouvement « menaçait la démocratie » et minait « la réputation du Canada à l’étranger ». Minimisé au départ par les autorités, le mouvement de contestation canadien qui a débuté fin janvier est parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les États-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau. Celui-ci contre-attaque et tente de faire passer les meneurs du « convoi de la liberté » pour des gens dangereux pour mieux invalider leurs discours et leurs messages. Et si comme dans tout mouvement de contestation sociale il y a inévitablement des pommes pourries, cette généralisation pourraient amener encore plus de crispations et de tensions dans un pays déjà ébranlé par des mesures qui font du mal à l’économie du pays mais aussi à la santé mentale des citoyens canadiens.

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