Il y a quelques jours, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National au Parlement, embarrassait publiquement Les Républicains en forçant ces derniers à se ranger implicitement du côté gouvernement contre une motion de censure présentée par l’extrême-gauche et soutenue par le RN. Les Républicains refusant catégoriquement de voter de concert avec le parti fondé par Jean-Marie Le Pen n’ont eu d’autre choix que de s’abstenir de voter, mettant à mal l’image qu’ils tentent de se donner depuis juin dernier, d’opposants d’Emmanuel Macron. Jamais le parti de droite n’avait semblé si frêle alors que quatre personnalités se disputent aujourd’hui sa direction. Dans un mois exactement, se tiendra en effet le congrès des Républicains de 2022 visant à désigner le nouveau président du parti à la suite de la démission de Christian Jacob. Il s’agit du dixième congrès depuis la création de l’UMP en 2002 et du quatrième depuis le changement de dénomination du parti, en 2015. Quatre candidats sont aujourd’hui sur la ligne de départ. Pourtant, l’un d’entre eux, Bruno Retailleau, semble plus pessimiste encore que ses adversaires. Le candidat à la présidence du parti de droite a estimé dans un entretien au JDD dimanche que «la marque» de son parti était «morte» et a indiqué vouloir faire trancher «par référendum interne les grandes orientations» par les militants. «Si on se contente de ripoliner la façade du parti, on est morts. Il faut tout changer. La marque ‘’Les Républicains’’ est morte», fait valoir le président du groupe LR au Sénat qui dit vouloir «construire un parti populaire et patriote capable de rassembler tous les électeurs de droite». «Pour cela, il faudra d’abord le rendre à ses militants. Si je suis élu, ils trancheront, par référendum interne, nos grandes orientations. Et nous travaillerons d’abord sur les idées, en renvoyant la question de la présidentielle après les européennes», a-t-il préconisé, affirmant n’être «candidat qu’à une seule chose, tout changer à droite : parti, méthode, logiciel». «Incarner, c’est bien, mais incarner quelque chose, c’est mieux : les primaires ont été exclues de nos statuts et je ne compte pas les y remettre, ce sera donc à nos militants de choisir», développe encore Bruno Retailleau, alors que son adversaire Éric Ciotti a déjà indiqué soutenir une candidature de Laurent Wauquiez pour l’élection présidentielle de 2027. Le député du Lot, Aurélien Pradié, et le maire d’Orléans, Serge Grouard, sont également candidats à la présidence du parti. Un vote des militants lors d’un congrès début décembre doit les départager. Mais les militants LR n’ont pas toujours raison dans leurs choix. L’on se souvient encore du naufrage de la candidate de droite Valérie Pécresse qui avait pourtant été choisie par les adhérents du parti. Une candidate qui avait fini avec moins de 5 % de vote à la présidentielle et qui avait dû rembourser personnellement cinq millions d’euros de frais de campagne. Mais Retailleau et ses adversaires continuent à privilégier le vote des militants et à vouloir en faire l’alpha et l’oméga du futur des Républicains. Reste à voir dans un mois qui sera choisi pour diriger le mouvement et surtout si un nouveau président réussira à redonner aux Républicains leur lustre d’antan.