C’est mercredi dernier que le Président français Emmanuel Macron a fait sa sortie sur les «66 millions de procureurs» et pourtant les réactions continuent à se multiplier au sein de la classe politique, vis-à-vis d’une «petite phrase» pas si importante mais qui semble avoir touché un nerf sensible. En fin de semaine, c’était au tour de l’eurodéputé Europe Écologie Les Verts, Yannick Jadot, candidat à l’élection présidentielle de 2017, de revenir sur la sortie de Macron. L’écologiste a répondu au chef de l’État en insistant sur la nécessité de «l’intelligence collective» plutôt que «la prétention d’un seul». Sur France 2, l’eurodéputé EELV a critiqué «un mode de gestion de la crise très solitaire». Il a appelé à réunir «autour du Conseil scientifique les grands élus locaux, le patronat, les syndicats, les forces politiques» et à «partager les informations». Dans une allusion aux nombreuses critiques sur cette gestion par le gouvernement, le chef de l’État a regretté jeudi la «traque incessante de l’erreur» en France, devenue, selon lui, «une nation de 66 millions de procureurs», des propos qui ont suscité de vives réactions dans les rangs de l’opposition, de la gauche à l’extrême droite. «La situation est extrêmement difficile, les Français font beaucoup d’efforts, il y a beaucoup de déprime, d’angoisse, de situations de décrochage social extrêmement lourdes, et le Président engueule les Français. Ce n’est pas à la hauteur de sa responsabilité», a déploré Yannick Jadot. «Ce Président a un problème avec la démocratie, tout simplement», a abondé le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, sur France Info en critiquant son «arrogance» : «Ce n’est pas comme ça qu’on fait face aux crises : on fait face avec de l’empathie, de la concertation, de la gravité». «C’est évident que vous et moi on doit pouvoir avoir un avis sur la stratégie, sur les pénuries de doses (de vaccin), sur les différents allers-retours sur les masques», a défendu M. Bayou, réclamant, par ailleurs, «une plus grande concertation avec les élus locaux». Ainsi, si Macron avait souhaité détourner pour un temps l’attention du public et de la scène politique de l’échec de la logistique de la vaccination des Français, il aura réussi à le faire pour quelques jours. Mais la désorganisation des autorités reviendra à n’en pas douter très vite sur le devant de la scène, surtout qu’aujourd’hui une course contre la montre est lancée pour prévenir l’apparition de nouvelles mutations du Covid-19.