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vendredi 29 mars 2024

Oran: L’asperge ou le «sekkoum», un légume printanier très prisé

L’asperge, ce légume de printemps, a fait ces derniers temps une apparition remarquée et remarquable sur les marchés d’Oran. En cette saison, il est proposé en grandes quantités au même titre que les épinards, produit très prisé par les consommateurs.

Par Hocine G.

Ce légume, plus connu des oranais sous le nom de «sekkoum», est proposé aussi bien dans les marchés connus de la ville comme ceux de la rue des Aurès (ex-la Bastille) et de M’dina Djedida et même par des revendeurs ambulants au niveau des quartiers populaires. Actuellement, un bouquet de quelques brins est proposé entre 100 et 200 DA, alors qu’il était cédé, les deux dernières années, à 20 DA seulement. C’est dire la forte demande enregistrée sur les places commerçantes. Les asperges sont récoltées par les enfants de paysans ou par des citadins se rendant aux sites montagneux et boisés d’Oran. Cette activité a connu un certain recul durant la décennie noire. La cueillette est devenue quasiment difficile en raison de la détérioration de la situation sécuritaire de l’époque. Compte tenu des bienfaits de l’asperge et de ses apports nutritifs en différentes vitamines, ce légume est devenu le produit préféré des personnes observant une diète ou un régime strict pour des raisons de santé. L’asperge rivalise avec les autres légumes et autres plantes vertes cédées à des prix abordables. Incontestablement, la commercialisation de l’asperge est devenue une source de revenus pour les jeunes des régions réputées pour la prolifération de cette plante. Tout le long de la route reliant Boutlelis, au sud d’Oran, à El Amria, à l’entrée de la wilaya d’Aïn Témouchent, et sur les deux voies, il n’est pas rare de voir des jeunes et même des enfants proposant des petites bottes d’asperge. C’est également le cas sur les voies conduisant aux régions côtières de la wilaya à El Ansor, Bousfer et Cap Blanc (Aïn El Kerma).
Même si cette plante sauvage pousse naturellement comme la figue de barbarie, sans que les fellahs ne dépensent un centime pour sa culture, l’asperge est proposée à prix excessif. Cette situation pousse de nombreuses familles oranaises à profiter des journées du repos hebdomadaire ou des jours fériés pour se rendre dans les forêts et autres sites boisés de la région pour profiter à la fois de la beauté de nature et récolter les asperges.

Apports nutritifs et investissement prometteur
L’asperge prolifère dans plusieurs régions d’Oran, près des villages d’Aïn Tassa, Sidi Bakhti, Sidi Hamadi, Benzina et Cap Blanc, ainsi que le long de la voie ferrée reliant Messerghine et El Amria, comme le précise l’ingénieur agronome Maarouf Kherif.
Cet ingénieur, assurant la fonction de président de la circonscription agricole de Boutlelis, indique que cette plante contient de nombreux sels et vitamines profitables à la santé humaine, rappelant que la préparation de l’asperge est une tradition culinaire oranaise bien ancrée chez les familles.
Les monts de Ghoualem, à Tafraoui, Tiriza à Messerghine et ceux de Gdyel, constituent d’autres lieux où pousse cette plante, rappelle également Chaffie Allah, président d’une association écologique. Celui-ci relève les problèmes qui menacent ce légume conséquemment aux récoltes sauvages hors de la période de maturation, au pacage clandestin et à l’utilisation des branches de l’asperge dans la confection de bouquets de fleurs ou de la décoration des véhicules des cortèges nuptiaux.
De son côté, l’expert en économie rurale, Abed Fateh, estime que l’investissement dans la culture des asperges est «prometteur». Il préconise l’option pour de petites surfaces à cultiver. Pour lui, la région d’Oran présente des atouts certains comme son climat propice, la bonne qualité de son sol. Ce genre de culture n’est pas grand consommateur d’eau d’irrigation.
Dans ce sens, l’expert a souligné la nécessité pour les agriculteurs de s’orienter vers des produits agricoles ayant une valeur commerciale, ce qui permettra d’engranger des profits et de développer l’économie de ces régions rurales.
«L’investissement dans la culture de l’asperge est d’un moindre coût. Celui qui investit dans ce créneau pourra faire des récoltes durant quinze années, trois années après la culture du légume», a-t-il ajouté.
Le Dr Abed a précisé, pour sa part, qu’un projet de culture de l’asperge «engrangera des profits certains en raison de l’existence d’une demande et d’une habitude de consommation chez les habitants d’Oran», ajoutant que «ce créneau pourra susciter la création d’autres vocations, celle de l’exportation par exemple».
Pour ce spécialiste, également membre du conseil d’administration de la Chambre d’agriculture d’Oran, la promotion de l’asperge passera par l’incorporation de ce légume dans les menus et les plats proposés par les hôtels et restaurants classés de la wilaya. En effet, les ménagères oranaises excellent dans la préparation de l’asperge utilisée comme ingrédient dans plusieurs plats et diverses formes : sautée en omelette, incorporée dans un bourak, en salade, accompagnant un plat de sardines grillées ou cuite à l’huile.
En hors saison, les oranaises recourent aux asperges blanches importées disponibles sur le marché. Mais de l’avis de toutes les utilisatrices, rien ne remplacera la saveur et le goût particulier de ces asperges vertes et violettes que l’on trouve chaque printemps sur les marchés de la ville.
H. G.

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