Si quelques scandales ont frappé Angela Merkel durant ses seize années de règne sur l’Allemagne, cela n’a pas été suffisant pour faire trembler la très populaire chancelière allemande, aimée non seulement par son peuple, mais aussi par ses homologues à travers le globe. Mais aujourd’hui un scandale fait déjà vaciller le remplaçant de Merkel en poste depuis un peu moins de neuf mois. En effet, selon le quotidien français «Le Monde», le chancelier allemand pourrait être étroitement lié au scandale de fraude fiscale des CumEx Files, qui éclabousse la vie politique allemande depuis plusieurs années. Olaf Scholz serait impliqué, au moins indirectement, dans des manœuvres politico-financières qui ont permis à une grande banque de Hambourg, lorsqu’il en était le maire, de limiter les dégâts dans cette affaire d’optimisation fiscale, avec notamment la prescription de 47 millions d’euros de rattrapage d’impôts. Selon «Le Monde», le chancelier allemand doit de nouveau témoigner devant la commission d’enquête du Land de Hambourg, vendredi 12 août. Et sa ligne de défense a été fragilisée par ses propres déclarations. Après avoir, dans un premier temps, nié avoir rencontré les dirigeants de la banque Warburg, il a par la suite affirmé n’avoir aucun souvenir de leurs échanges. Cette semaine, les révélations du journal allemand «Bild» ont incriminé directement Johannes Kahrs, un proche d’Olaf Scholz, membre de son parti, le SPD. Le parquet de Cologne a découvert, au mois de septembre 2021, que cet élu d’une circonscription de Hambourg détenait, dans un coffre-fort, 214 800 euros et 2 400 dollars en petites coupures. Une importante somme d’argent dont l’origine ne manque pas d’intriguer les enquêteurs. Johannes Kahrs refuse de donner la moindre information sur sa provenance. Les autorités ont également découvert que cet ancien député du SPD n’est autre que l’intermédiaire qui a permis une rencontre entre Olaf Scholz et les deux présidents de la Warburg, Christian Olearius et Max Warburg, au cœur de la tempête. Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si des dirigeants politiques et parmi eux l’actuel chancelier, alors maire de la ville, ont fait pression sur le fisc municipal afin qu’il renonce à recouvrer ces impôts. Scholz nie avoir exercé une quelconque pression, mais son image a été sérieusement ternie auprès de l’opinion publique. Le scandale des CumEx Files, une fraude révélée pour la première fois en 2017, porte sur un dispositif ingénieux d’optimisation fiscale mis en place par des banques et permettant à des investisseurs étrangers d’alléger leurs impôts sur les dividendes. Des dizaines de personnes ont été inculpées dans cette affaire en Allemagne, dont des banquiers, des traders, des avocats et des conseillers financiers. Une dizaine de pays au total sont concernés. Reste à voir si Scholz sera emporté par ce scandale ou si comme d’autres avant lui il s’accrochera coûte que coûte à son poste, quitte à ternir sa fonction. Si Merkel s’est retrouvée au cœur de graves polémiques durant ses mandats à la tête de l’Allemagne, personne n’avait jamais douté de sa probité, ce qui n’est clairement pas le cas aujourd’hui dans cette affaire impliquant Scholz dans une sordide affaire de sous.