Si depuis le début de la mobilisation en France contre la réforme des retraites La France Insoumise est la figure de proue du mouvement qui se dresse contre le gouvernement, d’autres personnalités de gauche tentent de peser également dans le débat. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, détesté des Insoumis qui ne supportent pas son manque de soumission à Jean-Luc Mélenchon et son mouvement, a accusé hier Emmanuel Macron de créer un climat de «guerre civile» et de compter sur les violences dans les cortèges contre la réforme des retraites pour «retourner l’opinion». «Le président de la République, droit dans ses bottes, a provoqué les Français, suscité beaucoup de colère», a accusé le dirigeant communiste, fustigeant la décision de recourir au 49.3 pour faire passer la réforme, et une allocution télévisée «décalée, méprisante, pleine de morgue» mercredi. «Malheureusement, ça a suscité une colère violente de la part de quelques-uns. Quand il y a 1 000 individus violents sur 3,5 millions de manifestants et bien on parle des dégradations et des 1 000 individus», a regretté le député du Nord. La contestation dans la rue a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT). Les violences, relativement sporadiques dans les précédentes marches, sont montées d’un cran. «Je me demande si ce n’est pas ce que cherche le président de la République, tout faire pour radicaliser le mouvement, pour susciter tant de colère qu’elle déborde (…) et retourner l’opinion contre les manifestations», a ajouté Fabien Roussel. «On est passé de manifestations pacifistes aux gueules cassées», a-t-il déploré. «Je pense autant à ces manifestants qu’aux policiers (…) Le Président créé un climat de guerre civile». La mairie de Bordeaux a vu sa porte incendiée, des «scènes de chaos» ont été dénoncées par la maire de Rennes, une manifestante a eu un pouce arraché à Rouen, un commissariat été pris pour cible à Lorient. Un militant du syndicat cheminot Sud-Rail a également été grièvement blessé à l’œil à Paris, a indiqué vendredi son syndicat. Un délégué a précisé ensuite à l’AFP que le cheminot aurait perdu l’usage de son œil. Le syndicat a dénoncé hier «l’utilisation de grenades de désencerclement». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait état de 457 interpellations et de 441 blessés dans les rangs des forces de l’ordre. Des incidents qui, comme le souligne Roussel, auraient de quoi servir de repoussoir, alors que le même schéma s’était produit lors du mouvement des «gilets jaunes». Roussel, quant à lui, a du mal à trouver sa place dans ce débat, étant mis de côté par le reste de la Nupes, car il est le seul à oser critiquer les méthodes de LFI et à s’opposer frontalement à son chef de file, Jean-Luc Mélenchon. Reste à voir si Roussel décidera de se montrer plus proactif pour tenter de calmer les esprits à gauche, ou s’il sera rapidement, une fois encore, isolé et incapable de faire entendre sa voix de façon constructive dans le débat sur la réforme des retraites.