L’on se doutait qu’avec la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, les relations de Washington avec Moscou risquaient de revenir au stade auquel elles étaient sous la présidence d’Obama, avec une hostilité impitoyable de la part de l’administration démocrate. Aujourd’hui, moins d’une semaine après son investiture, le nouveau gouvernement au pouvoir commence son offensive contre la Russie de Vladimir Poutine et condamne l’emploi par le Kremlin de «méthodes brutales» contre les personnes qui ont manifesté en Russie à l’appel de l’opposant Alexeï Navalny pour exiger sa libération. «Les États-Unis condamnent fermement l’emploi de méthodes brutales contre les manifestants et les journalistes ce week-end dans des villes à travers la Russie», a écrit dans un communiqué le nouveau porte-parole du département d’État américain, Ned Price. Plus de 2 500 manifestants ont été arrêtés ce samedi, selon l’ONG spécialisée OVD Info. «Nous exhortons les autorités russes à relâcher tous ceux qui ont été arrêtés parce qu’ils exerçaient leurs droits fondamentaux et à libérer immédiatement et sans conditions Alexeï Navalny», a poursuivi le porte-parole de la diplomatie américaine sous la présidence de Joe Biden. «Les tentatives constantes de réprimer le droit des Russes à se rassembler pacifiquement et de réprimer la liberté d’expression, l’arrestation de l’opposant Alexeï Navalny ainsi que la répression des manifestations qui ont suivi, sont des indications préoccupantes des nouvelles restrictions imposées à la société civile et aux libertés fondamentales», a déploré Ned Price. Les principaux rassemblements ont eu lieu ce samedi à Moscou et Saint-Pétersbourg, avec «dans chaque cas quelque 20 000 participants», selon des journalistes de l’AFP. À Moscou, des heurts ont opposé à plusieurs reprises dans l’après-midi des policiers qui frappaient à la matraque des manifestants leur jetant généralement des boules de neige mais aussi d’autres projectiles. En début de soirée, des centaines de personnes ont rallié la prison de Matrosskaïa Tichina où est détenu l’opposant Alexeï Navalny, dans le nord de Moscou. La police y a procédé à des arrestations, frappant des manifestants avec des matraques et les dispersant. La rapide réaction de Washington sur le cas Navalny risque de ne pas être la dernière et les lourdes tensions qui existaient sous la présidence d’Obama, certains craignant même l’éventualité d’une guerre si Clinton avait gagné en 2016, vont certainement refaire surface et détruire la relation plus apaisée qu’avait instaurée Trump avec la Russie. Mais beaucoup de choses ont changé en quatre ans et le grand défi de Washington se trouve aujourd’hui plus du côté de Pékin que de Moscou.