16,8 millions de dollars. C’est le montant qu’a atteint une vente organisée par la maison Sotheby’s d’œuvres numériques de l’artiste Pak, estampillées «NFT» («non-fungible tokens»), terme qui désigne un certificat d’authenticité associé à un objet virtuel.
Un mois après la vente record de «Everydays : The First 5000 Days» de l’artiste numérique Beeple pour 69,3 millions de dollars chez la maison de vente aux enchères Christie’s, son rival Sotheby’s s’est donc lancé, pour la première fois, dans l’aventure «NFT».
Pour sa première, la maison avait choisi un format totalement différent de celui de Christie’s. Plutôt que de jouer sur la rareté, il a mis en vente en quantité illimitée, via la plateforme spécialisée Nifty Gateway, des «cubes» créés par Pak. Quelque 23 598 de ces animations d’un parallélépipède rectangle en train de tourner sur lui-même ont trouvé preneur sur les trois jours qu’a duré la vente. Une vente qui témoigne de la vitalité du marché des «NFT», qui génère, quotidiennement, plus de 10 millions de dollars de transactions sur des plateformes numériques comme Nifty Gateway ou OpenSea.
Un label qui attire de nouveaux collectionneurs symboles du marché de l’art traditionnel, les maisons d’enchères ne voulaient pas rater le coche. Elles apportent du «contexte» sur un marché aux repères encore flous, fait valoir Rebekah Bowling, experte en art contemporain chez Phillips, troisième maison d’enchères mondiale derrière Christie’s et Sotheby’s.
«Nous situons ces artistes au sein de l’ensemble des grands créateurs», explique-t-elle, y compris ceux qui utilisent les supports physiques habituels, peintres, sculpteurs ou plasticiens.
Ce label devrait attirer de nouveaux collectionneurs «qui n’auraient probablement jamais été en relation avec nous avant», souligne Max Moore, expert en art contemporain. Une aubaine pour Sotheby’s, qui se rapproche ainsi d’un «public beaucoup plus jeune», hors d’atteinte jusqu’ici.
Si l’objectif est aussi de faire entrer les collectionneurs plus traditionnels dans le «NFT», la priorité est bien de capter ces nouvelles fortunes, des «geeks» devenus millionnaires grâce à l’ascension vertigineuse des cryptomonnaies.
R. I.