Sans exagération aucune, depuis quelque temps il ne se passe pas un jour sans que la presse nationale ne nous relate une histoire de détournement de fonds. Faut-il donc tirer la sonnette d’alarme face à un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur ? L’abus de confiance n’a même pas épargné quelques structures et institutions financières de l’Etat, secouées par des scandales de détournement de fonds dont les principaux instigateurs n’étaient que de hauts fonctionnaires. Les exemples ne manquent pas. Parmi les grosses affaires qui ont secoué l’opinion publique, on citera celle de Sonatrach, le projet de construction de l’autoroute Est-Ouest… et d’autres encore. Comme ces affaires n’en finissent pas en surprises et autres rebonds médiatiques, il est temps de pousser la réflexion sur les moyens propices pour faire barrage à tout ce qui pourrait nuire au pays. Alors que ce phénomène gagne du terrain, il n’est guère acceptable qu’on se suffise seulement de le dénoncer ou de le rapporter sur les colonnes de la presse nationale. A cet effet, le président de l’Organe de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC), Tarek Kour, a fait état de la réception d’une nouvelle plateforme numérique de déclaration électronique du patrimoine des agents publics concernés par cette mesure. Invité de la Radio nationale, il a indiqué que la réception de cette plateforme numérique s’inscrit dans le cadre «des démarches visant à consacrer le principe de transparence, un des piliers de la bonne gouvernance», ajoutant que son instance attend la promulgation du cadre juridique relatif à cette plateforme pour la lancer. Le président de l’ONPLC a affirmé que cette plateforme permettra de recevoir les déclarations de patrimoine des agents publics concernés par cette mesure, en ce sens qu’il s’agira d’assurer «la liaison entre les différentes administrations et instances, à l’instar des instances des domaines et des services du registre de commerce». L’invité a appelé, à l’occasion, les élus vainqueurs des élections des Assemblées populaires communales et de wilaya (APC-APW) qui se sont déroulées samedi dernier, à faire cette déclaration électronique sur leurs biens, considérant ceci comme «une protection pour eux». En outre, le même responsable a fait savoir que son Organe a été destinataire de plusieurs requêtes par les citoyens, ayant été traitées par la cellule permanente qui en a la charge, d’autant que certaines des requêtes ont été conservées, car émanant de source inconnue, tandis que certaines ont été adressées à la Justice et d’autres ont été transférées aux parties habilitées à les traiter, dont le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), ajoutant que la majorité de ces requêtes ont trait aux contentieux administratifs. Par ailleurs, le président de l’ONPLC a fait savoir que son instance s’emploie à la généralisation de «la cartographie des dangers de la corruption dans les secteurs ministériels ainsi que la mise en place d’une commission d’évaluation des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, visant à définir les contours d’une politique nationale pour la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme». L’ONPLC plaide pour la promulgation d’une loi afin de protéger les dénonciateurs en vue de leur procurer la protection pénale et civile et de protéger le fonctionnaire, auteur du signalement dans son lieu de travail, des intimidations et des mesures disciplinaires, a-t-il mis en avant. Cette revendication constitue l’un des axes de la stratégie nationale de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption élaborée par l’ONPLC suite à des consultations nationale et internationale, a-t-il poursuivi, ajoutant que cette stratégie donnera lieu à 60 projets réalisables. L’Organe vise à associer le citoyen dans la lutte contre la corruption à travers le réseau national de transparence et proposer un projet d’une charte déontologique relative à la profession d’agent public, a-t-il indiqué. Et de rappeler que l’ONPLC avait formé, depuis 2016, plus de 6 000 agents publics sur un total de 10 000 fonctionnaires formés, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de sensibilisation et de formation des agents publics. La lutte contre la corruption est un système sociétal nécessitant la conjugaison des efforts de tout un chacun. L’Organe sera promu, en vertu de la Constitution de 2020, en une haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption avant la fin de l’année en cours.
Meriem Benchaouia