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jeudi 18 avril 2024

Normalité

Après une victoire sur le fil, le président brésilien élu Lula, commence à rentrer doucement dans le costume, même s’il ne prendra ses fonctions officiellement que le 1er Janvier prochain pour un troisième mandat, non consécutif. Celui qui a été soutenu par plusieurs chancelleries occidentales lors de la rude campagne présidentielle appelle aujourd’hui au retour « du dialogue » et de la « normalité » dans un Brésil coupé en deux. L’icône de la gauche Luiz Inácio Lula da Silva a d’abord rencontré l’influent président de la Chambre des députés, Arthur Lira, ex-allié du président défait d’extrême droite Jair Bolsonaro. « Le pays a besoin de dialogue et de normalité », a tweeté Lula en publiant une vidéo où on le voit accueilli par Arthur Lira à Brasilia. Il faisait apparemment référence à la campagne électorale à couteaux tirés qui a polarisé le Brésil. Lula s’est également entretenu avec le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, en présence de son futur vice-président Geraldo Alckmin, chargé de coordonner l’équipe de transition. Lula, 77 ans, a repris ses activités après une semaine de vacances, à la suite du deuxième tour de la présidentielle du 30 octobre qu’il a remportée avec seulement 1,8 point d’avance sur Bolsonaro. « Il est possible de retrouver l’harmonie entre les pouvoirs, de retrouver la normalité de la coexistence entre les institutions brésiliennes, qui ont été malmenées par le langage pas toujours recommandable de certaines autorités liées au gouvernement », a-t-il déclaré aux journalistes en fin de journée. Priorité des discussions de Lula avec les chefs du Congrès : trouver un moyen d’obtenir une importante rallonge budgétaire pour financer ses promesses électorales dès le début de son mandat. L’une des solutions envisagées serait un amendement constitutionnel, mais Geraldo Alckmin a insisté sur le fait qu’aucune décision n’avait été arrêtée. L’appui du Congrès sera fondamental pour faire approuver des dépenses exceptionnelles pour le versement de programmes d’aides sociales. Lula a par ailleurs rencontré la présidente de la Cour suprême, Rosa Weber, et le président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Alexandre de Moraes, deux institutions qui ont été violemment attaquées par Bolsonaro. « Le Brésil n’a plus le temps de continuer à se battre », a déclaré Lula. « Le temps n’est pas à la vengeance, la rage ou la haine. Il est temps de gouverner », a-t-il ajouté. L’équipe de transition s’est mise en place rapidement à Brasilia, avec notamment l’annonce, mardi, du choix d’un quatuor d’économistes, deux libéraux et deux proches du Parti des Travailleurs de Lula, tandis que Simone Tebet, une centriste arrivée 3e à la présidentielle, sera chargée de coordonner le volet social. Pendant ce temps, le président Bolsonaro, officiellement toujours en exercice, se trouvait lui aussi à Brasilia, mais muré en son palais, invisible et muet depuis une semaine. Ainsi Lula commence à prendre ses aises même si la victoire éclatante attendue n’était pas au rendez-vous. Preuve s’il en fallait que le mandat de Bolonaro n’était pas un accident comme ont voulu le dépeindre ses opposant durant quatre ans et que les brésiliens, quoiqu’en disent les médias étrangers, supportent encore largement leur président sortant qui n’a perdu que de très peu et qui peut donc quitter son poste la tête haute, loin d’être chassé de son poste. Reste à voir si Lula et son gouvernement adapteront leur politique à cette réalité ou si le président élu Lula, qui a passé 580 jours en prison pour corruption et blanchiment effacera d’un revers de main tous les changements opérés par son prédécesseur.

 

Fouzia Mahmoudi

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