Malgré l’insécurité qui règne au Niger, quelque 7,4 millions d’électeurs votaient hier au second tour d’une présidentielle entre le favori Mohamed Bazoum, fidèle du sortant Mahamadou Issoufou, et l’opposant Mahamane Ousmane, ancien président.
L’un des premiers votants à Niamey, Idrissa Gado, étudiant de 29 ans, a estimé que «le prochain président doit agir contre les rebelles, c’est le grand souci du Niger dont il faut s’occuper, nous, on veut le calme et la sécurité». Ibrahim Kadi Mahmane, 42 ans, carreleur, attend lui du prochain président qu’il «n’oublie pas les pauvres et les villageois».
Le candidat du pouvoir, Mohamed Bazoum, a voté à l’Hôtel de ville de Niamey, où des blindés et des pick-up armés de mitrailleuses assuraient la sécurité. «Je souhaite que le vainqueur ait la chance avec lui, je souhaite qu’elle soit de mon côté, et j’ai beaucoup de raisons de croire qu’elle est en effet de mon côté», a-t-il dit après avoir déposé son bulletin, souhaitant aussi que «le vote se passe dans le calme». Accompagné de ses deux épouses, le sortant Mahamadou Issoufou a voté au même endroit, notant que «le Niger est confronté à des défis immenses : défi sécuritaire, défi démographique, défi climatique, défi du développement économique et social, y compris le défi immédiat sanitaire que constitue le Covid-19». «Je suis fier d’être le premier président démocratiquement élu de notre histoire à pouvoir passer le relais à un autre président démocratiquement élu, c’est un évènement majeur dans la vie politique de notre pays», a-t-il ajouté. Ce sera en effet la première fois que deux présidents élus se succèdent dans ce pays à l’histoire jalonnée de coups d’État depuis son indépendance en 1960.
Tenir le vote sur l’ensemble du territoire est l’un des défis de ce scrutin, tandis que l’insécurité sévit à l’ouest avec des attaques de groupes jihadistes affiliés à l’organisation État islamique et à l’est avec des attaques des jihadistes nigérians de Boko Haram.
«Des milliers de soldats ont été déployés pour sécuriser le scrutin, surtout dans les zones exposées à l’insécurité», a assuré à l’AFP un haut responsable du ministère de la Défense.
Presque deux mois après le premier tour du 27 décembre, les Nigériens choisissent entre les deux candidats qui se sont qualifiés : Bazoum, qui a bénéficié lors de la campagne de l’imposante machine du parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), et le challenger Ousmane, ancien président entre 1993 et 1996 qui veut le redevenir depuis.
Bazoum avait récolté 39,3 % des suffrages au premier tour, Ousmane presque 17 % et le premier part avec un net avantage.
Mais si le vote dans la capitale est historiquement acquis à l’opposition, celui de la seconde ville du pays, Zinder (sud-est), est sujet à débat : cette région, important bassin électoral, est le fief des deux candidats qui y ont passé les derniers jours de la campagne pour tenter de convaincre leurs électeurs.
«Le résultat à Zinder sera déterminant pour l’issue du scrutin», a dit à l’AFP un observateur avisé de la politique locale, sous couvert d’anonymat.
Quelques dizaines d’observateurs de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont été déployés pour surveiller la bonne marche du scrutin. Si l’opposition boycottait sa participation à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au premier tour, elle l’a finalement rejointe pour le second. «Tout est en place pour que le scrutin soit transparent», indique une source proche du parti au pouvoir, qui rappelle que la campagne s’est déroulée dans le calme et sans heurts.