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mardi 19 mars 2024

Neutralité carbone: Des promesses plus nombreuses, mais pas toujours convaincantes

Des Etats, des collectivités et des entreprises multiplient les engagements de «neutralité carbone», mais beaucoup présentent des «défauts majeurs», selon une analyse rendue publique hier.

Par Faten D.
Parmi les gros pollueurs, la plupart des pays développés ont pris des engagements de neutralité carbone pour horizon 2050. La Chine et l’Inde visent pour leur part 2060 et 2070, respectivement. «L’utilisation du concept a explosé», explique Frederic Hans, expert des politiques climat à l’ONG NewClimate Institute et principal auteur de cette analyse pour l’organisme Net Zero Tracker. «Mais si vous fixez l’objectif sans communiquer sur les réductions d’émissions qu’implique cet objectif, vous ne pouvez pas être tenu responsable de vos actes», souligne-t-il.
L’étude analyse des données sur 4 000 gouvernements, villes, régions et grandes entreprises, se concentrant sur la qualité des objectifs et évaluant s’ils sont accompagnés d’une feuille de route précise. Les engagements étatiques couvrent environ 90 % du PIB mondial, six fois plus qu’il y a trois ans. Et 235 grandes villes ont désormais les leurs.
Un tiers des plus grandes entreprises cotées en Bourse ont également des engagements de neutralité carbone (702 contre 417 en décembre 2020).
«Nous sommes à un moment décisif où la pression des pairs pour prendre rapidement des engagements, en particulier dans le monde économique, pourrait entraîner soit un greenwashing de masse, soit un changement fondamental vers la décarbonation de l’économie», analyse un autre auteur de l’étude, Takeshi Kuramochi, également du NewClimate Institute.
Côté pouvoirs publics, 65 % des engagements nationaux font désormais l’objet de textes de lois ou sont inscrits dans des documents officiels, contre seulement 10 % fin 2020.
Mais sur les 702 entreprises étudiées, seule une moitié a des objectifs intermédiaires, un niveau «inacceptablement bas», selon l’étude. Et 38 % seulement des entreprises prennent en compte toutes leurs émissions, directes (production) mais aussi indirectes (fournisseurs et utilisation) dans leurs engagements de neutralité. Le rapport relève aussi que les plus gros pollueurs privés, notamment dans le secteur des énergies fossiles, sont parmi ceux ayant e plus de chances d’avoir des objectifs : «Cela reflète sans doute la pression sociale sur ces secteurs, mais relève peut-être plus du symbole, voire du greenwashing pur et simple, que d’un vrai leadership en matière de climat». Mais l’effet pourrait aussi être vertueux, en encourageant «les entreprises à relever leurs ambitions et les régulateurs également», relève Frederic Hans. L’ONU a lancé en mars un groupe d’experts chargé d’élaborer des normes et une évaluation des engagements de neutralité carbone des acteurs non-étatiques, notamment les entreprises. Selon les experts climat de l’ONU, les émissions doivent atteindre leur maximum avant 2025 et être divisées par deux en 2030 par rapport à 2010 pour avoir une chance de tenir l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, contenir le réchauffement de la planète à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
F. D.

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