Il semble bien loin aujourd’hui le temps ou Biden et le parti Démocrate, pour s’opposer au président Donald Trump, durant le mandat de ce dernier, assuraient qu’une relation saine et diplomatique avec l’Iran était essentielle pour les États-Unis, en regrettant inlassablement la décision du président Républicain de quitter l’accord sur le nuculaire iranien. Mais aujourd’hui deux ans après l’arrivée des Démocrates au pouvoir, les relations irano-américaines sont toujours au plus mal. L’Iran s’est même déclaré hier encore « plus déterminé » à conserver ses intérêts dans tout accord sur le dossier nucléaire, après la signature d’un partenariat stratégique israélo-américain face à Téhéran lors de la visite du président américain Joe Biden en Israël. « Nous ne négligerons jamais les droits inaliénables de la grande nation iranienne » dans le domaine nucléaire, a indiqué le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, sur Twitter, ajoutant que parvenir à un « bon accord » pour Téhéran est son objectif. Cette déclaration intervient après la signature jeudi par Joe Biden et le premier ministre israélien Yaïr Lapid d’une déclaration « sur le partenariat stratégique entre les États-Unis et Israël », ennemis jurés de la République islamique. Les deux pays ont fait ainsi front commun contre Téhéran pour s’assurer que l’Iran ne se dote « jamais » de l’arme nucléaire. Considéré par les experts comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, Israël accuse l’Iran de chercher à se doter de la bombe atomique, ce que ce pays dément catégoriquement. « Le show de la Maison Blanche et du sionisme nous rend plus déterminés », a estimé hier Hossein Amir-Abdollahian. En 2015, l’Iran a conclu avec les grandes puissances dont les États-Unis un accord visant à garantir le caractère civil du programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions contre Téhéran. Trois ans plus tard toutefois, le président de l’époque Donald Trump a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord et rétabli les sanctions économiques contre l’Iran. En représailles, l’Iran a commencé à revenir sur ses engagements dictés par ce pacte. Des négociations ont débuté en avril 2021 à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances pour réintégrer les États-Unis à l’accord et ramener l’Iran au respect de ses engagements en échange de la levée de sanctions américaines, mais elles sont suspendues depuis mars 2022. Des pourparlers indirects ont eu lieu fin juin à Doha entre Washington et Téhéran par l’intermédiaire de l’Union Européenne mais là encore ils n’ont pas enregistré de progrès. Téhéran et Washington se rejettent mutuellement la responsabilité de l’impasse. Jeudi, Joe Biden a affirmé privilégier la voie diplomatique, tout en précisant que les États-Unis n’allaient « pas attendre indéfiniment » l’Iran pour parvenir à un accord. Interrogé pour savoir s’il était prêt à utiliser la force pour s’assurer que l’Iran n’obtienne pas l’arme atomique, Joe Biden a répondu : « oui, si c’est en dernier recours ». Le ministre Amir-Abdollahian a réitéré de son côté le fait que son pays « poursuit son effort honorable pour annuler les sanctions », sans plus de précisions. La situation continue ainsi à se tendre et la guerre en Ukraine initiée par la Russie ne facilite pas les négociations, Moscou étant un membre important de l’accord de Vienne. Reste à voir si Téhéran choisira le jusqu’auboutisme ou si la République Islamique préférera calmer la situation avec Washington plutôt que de risquer un conflit armé qui, comme pour l’Irak ou l’Afghanistan, pourrait non seulement durer des années mais surtout faire des centaines de milliers de morts et détruire le pays.