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jeudi 28 mars 2024

Moyen-Orient, Russie, alliés: Biden rompt avec la diplomatie de Trump

Joe Biden a mis fin, jeudi, au soutien américain à la coalition saoudienne au Yémen et gelé le retrait des troupes américaines en Allemagne, tout en amorçant un changement de ton à l’égard de la Russie, en rupture avec la diplomatie de Donald Trump.

Par Mourad M.

«Nous renforçons nos efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre au Yémen, qui a créé une catastrophe humanitaire et stratégique», a déclaré le président des États-Unis dans son premier discours de politique étrangère, au département d’État. «Cette guerre doit cesser», a-t-il martelé, confirmant la nomination d’un diplomate chevronné, Timothy Lenderking, comme émissaire pour le Yémen. «Et pour souligner notre détermination, nous mettons fin à tout soutien américain aux opérations offensives dans la guerre au Yémen, y compris aux ventes d’armes». Concrètement, Washington va annuler la vente controversée à Ryad de «munitions de précision» décidée à la fin du mandat de l’ex-président républicain, qui a toujours soutenu, envers et contre tout, le royaume saoudien, pilier avec Israël de sa politique anti-Iran. Remettre en cause ce soutien à l’Arabie saoudite, c’est donc bousculer les équilibres des alliances régionales et redessiner la stratégie des États-Unis au Moyen-Orient. Ryad dirige une coalition militaire accusée de nombreuses bavures envers les civils dans son intervention auprès du gouvernement yéménite contre les rebelles Houthis, appuyés par l’Iran. Sans mentionner la fin du soutien américain à la coalition conduite par l’Arabie, l’agence d’État saoudienne a indiqué jeudi que Ryad réaffirmait son soutien à «une solution politique globale au Yémen» et se félicitait que «les États-Unis soulignent l’importance des efforts diplomatiques pour résoudre la crise». Les Houthis ont, eux, salué l’arrêt de l’implication américaine. «Nous espérons que ce sera le début d’une décision visant à mettre fin à la guerre au Yémen», a déclaré à l’AFP Hamid Assem, responsable politique des insurgés à Sanaa. Cette décision pourrait aussi être interprétée comme un geste de bonne volonté par l’Iran, qui s’apprête à entrer dans des tractations complexes avec Washington pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien dont Donald Trump avait claqué la porte. «Les États-Unis sont-ils prêts à réduire les centaines de milliards de dollars d’armes qu’ils vendent dans notre région ? Sont-ils prêts à mettre fin au massacre d’enfants au Yémen ?», avait interrogé, en début de semaine, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, sur CNN International.
Bien que le retour dans l’accord de 2015 soit considéré comme une «priorité cruciale» par la Maison-Blanche, Joe Biden ne l’a pas évoqué dans son discours. Le 46e président des États-Unis a par ailleurs confirmé qu’il allait «stopper» le retrait partiel des troupes américaines d’Allemagne, le temps d’un «réexamen global de la posturedes forces déployées à l’étranger confié au ministre de la Défense, Lloyd Austin». Donald Trump avait annoncé, en juin, vouloir diminuer grandement à 25 000 soldats, les forces américaines en Allemagne. Cette décision avait suscité des remous au sein de la classe politique américaine ainsi qu’en Europe, où les alliés de Washington, Berlin en particulier, ont été malmenés pendant les quatre années de mandat du milliardaire new-yorkais.
«L’Amérique est de retour, la diplomatie est de retour», a martelé Joe Biden. «Nous allons rebâtir nos alliances». Il a défendu les valeurs classiques de la diplomatie américaine – promotion de la démocratie et des droits humains – délaissées, selon lui, par Donald Trump. Et pour illustrer ce «retour du leadership moral sur la scène internationale», il a annoncé que les États-Unis accueilleraient dès l’an prochain 125 s000 réfugiés dans le cadre du programme de réinstallation, soit une multiplication par huit par rapport aux
15 000 acceptés cette année, un plus bas historique. Le Président Biden a enfin affiché sa détermination à contrer la Chine et la Russie, accusant son prédécesseur d’avoir été faible notamment à l’égard du Président russe Vladimir Poutine. Les États-Unis doivent «être au rendez-vous face à l’avancée de l’autoritarisme, en particulier les ambitions croissantes de la Chine et la volonté de la Russie d’affaiblir notre démocratie», a-t-il lancé.
«J’ai clairement dit au Président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur, que le temps où les États-Unis se soumettaient face aux actes agressifs de de la Russie (…) était révolu», a-t-il ajouté.
Il est toutefois resté silencieux sur les mesures concrètes promises par son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, pour faire «rendre des comptes à Moscou». Et n’a quasiment rien dit de sa stratégie face à Pékin, pourtant unanimement considéré comme l’adversaire stratégique numéro un de la première puissance mondiale.

M. M.

 

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