La baisse globale des investissements dans l’Industrie pétrolière est estimée à environ 1.000 milliards de dollars au niveau mondial, depuis 2013, a affirmé jeudi l’expert pétrolier Mourad Preure, n’excluant pas des risques d’approvisionnements du marché et un choc « haussier » des prix du brut.
Par Meriem Benchaouia
S’exprimant dans les ondes de la radio nationale, Mourad Preure a constaté que : « la demande reprend avec une vigueur inattendue ». Il a expliqué que la hausse des prix du pétrole ces derniers jours est due notamment à la reprise « vigoureuse » de la demande mondiale, mais aussi au désinvestissement dans le secteur des hydrocarbures depuis 2013 qui a reculé de plus de 1.000 milliards de dollars au niveau international. « Je m’attendais qu’il y ait un choc haussier du pétrole dans la deuxième partie de la décennie (précédente), par ce que l’investissement est descendu dangereusement. Après un record de 721 milliards de dollars en 2013, l’investissement n’a cessé de descendre », a-t-il relevé. L’expert pétrolier a affirmé également que « le niveau des découvertes des hydrocarbures n’a jamais été aussi bas, atteignant 1.947 découvertes, alors que la planète consomme 6 barils lorsqu’elle en découvre un seul ». Selon lui, la tendance haussière des prix du pétrole a pris en compte aussi l’épuisement des réserves mondiales et la consommation des pays émergents, qui est en forte croissance et atteindrait, a-t-il signalé, les 80 % de la consommation mondiale dans les prochaines années. A cet effet, il n’a pas exclu de possibles risques d’approvisionnements du marché, surtout dans le contexte actuel de la reprise de la demande et le recul des investissements. « La conséquence de cette situation est le fait que l’industrie pétrolière a souffert. Ce qui fait qu’aujourd’hui, hormis les compagnies américaines Exxonmobil et Chevron qui pensent à se marier, toutes les autres sont en train de se reporter vers les énergies vertes et postulent à devenir des leaders dans la neutralité carbone », a-t-il fait observer. S’agissant des décisions prises par l’Opep +, notamment des hausses graduelles de la production pour stabiliser le marché, M. Preure a estimé que les pays de l’alliance ont envoyé un « signal fort au marché par le respect de la discipline issue du consensus d’Alger en 2016 ». A propos du rôle de l’Algérie dans le monde énergétique, l’expert a recommandé une « nouvelle stratégie qui fera du pays un acteur actif de transformation des ressources et non uniquement comme exportateur ». « La puissance pétrolière des pays producteur ne réside plus dans les niveaux des réserves et de production. Elle réside dans la compétitivité et le pouvoir innovant de leurs compagnies pétrolières et énergétiques nationales », a-t-il expliqué, appelant à donner au groupe Sonatrach les moyens pour qu’elle puisse se déployer hors du territoire national. Le potentiel exceptionnel d’ensoleillement dont dispose l’Algérie peut permettre à Sonatrach d’être un leader et à monter des partenariats stratégiques pour accélérer son développement, a-t-il encore mentionné.
Les prix poursuivent leur hausse
Après avoir bondi la veille à la faveur de l’affaiblissement du dollar américain par rapport à l’euro, notamment, les prix du pétrole poursuivaient leur progression aujourd’hui. La chute du billet vert est venue s’ajouter à la reprise de la demande, la baisse des stocks et les perturbations au niveau l’offre pour doper les cours de l’or noir. hier matin vers 08h15, le baril de pétrole américain WTI pour livraison en mars se négociait à 90,76 dollars, en hausse de 0,53%, après avoir franchi jeudi soir le seuil des 90 dollars pour la première fois depuis l’hiver 2014, soutenu par la chute du dollar et l’hiver qui devient mordant aux Etats-Unis, à 90,27 dollars (+2,27%). Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril prenait pour sa part 0,3% à 91,37 dollars, après avoir atteint la veille en soirée 91,11 dollars, soit une hausse de 1,83%. Depuis le début de l’année, le prix du Brent a bondi de 17,01%, la progression annuelle atteignant elle près de 60%. Goldman Sachs prévoit que le pétrole atteindra 100 dollars le baril cette année, les tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, ainsi que le temps glacial aux États-Unis soutenant les prix. Mercredi, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l’accord Opep+ a convenu d’augmenter la production de pétrole de 400’000 barils par jour en mars, comme prévu. Mais les analystes doutent de plus en plus que tous ses membres soient en mesure d’atteindre leurs objectifs de production. A la reprise de la demande, la baisse des stocks et les perturbations de l’offre, des cyberattaques ont pris pour cibles des installations portuaires en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique, poussant les autorités judiciaires à enquêter, notamment sur des soupçons d' »extorsion de fonds » au détriment d’opérateurs allemands du secteur pétrolier.
MB